samedi 11 novembre 2017

Ça caille à l'étage

Le trou d'aération sur mon nouveau four est dans le couvercle. Par le passé, j'utilisais des fours avec le(s) trou(s) d'aération sur le côté ou dans le sol, avec ou sans plaque glissante permettant de fermer le trou. Je connais aussi quelqu'un qui n'a pas de trou dans son four électrique. Je ne vois pas pourquoi les fabricants ne rajoutent pas systématiquement le trou et un système de fermeture pour ce trou, car il me semble nécessaire d'évacuer les gazes lors de la cuisson biscuit (donc, mieux avec un trou) ainsi que de refermer ce trou quand on fait des cuissons d'émail afin d'avoir des températures plus ou moins similaires à tous les étages du four.

En changeant de four, je m'étais dit que je verrais peut être des différences dans mes émaux. Effectivement, j'ai eu deux problèmes. Dès fois mon bleu, composé d'une couche de rouge de fer et une couche de nacré (titane), faisait des trous d'épingle.








Et mon émail blanc avait parfois l'air sous-cuit.

Il était rugueux et parfois faisait même des grosses bulles, surtout là où l'émail était épais...


...ou alors l'émail se retirait par endroits.












J'ai décidé de ne plus mettre les pièces émaillées en blanc sur l'étage supérieur du four. J'ai recuit les pièces en les mettant sur un étage plus bas du four et l'émail s'est étalé correctement. Hourrah pour la recuisson !

Il y a un mois, ne sachant pas quoi mettre sur l'étage maudit du four, j'y ai placé les mugs bleus aux trous d'épingles pour une deuxième cuisson, sans trop y croire. Ça a très bien marché, plus de trous... mais le bord des mugs est devenu jaune. Ça me rappelle des tests d'émaux que j'avais fait en 2016 avec fer+titane où, au lieu d'obtenir du bleu, j'ai eu du brun, du jaune, et du violet... à peu près tous les tons qu'on voit sur mes mugs recuites.











Je pense que le bleu est plus impacté par l'application de l'émail que par les différences de température dans mon four. J'ai lu quelque part que les trous d'épingle peuvent être un problème quand on applique une deuxième couche d'émail avant le séchage de la première couche. Depuis deux cuissons, j'applique ma première couche et ensuite j'attends 24h avant d'appliquer la deuxième. Pour l'instant, ça marche.


Depuis mes deux dernières cuissons, j'ai aussi une nouvelle démarche qui me permet de charger le four entier sans problèmes de température :
- Je remplis le four jusqu'à l'avant-dernière étage avec des pièces émaillées (biscuitées).
- Sur l'étage supérieure, je fais cuire en mono-cuisson des pièces en porcelaine-papier.
- Je lance le four (électrique) en heures creuses, avec le trou ouvert pour que les gazes des pièces en mono-cuisson sortent.
- Je dors un peu.
- Le four me réveille au milieu de la nuit. Je traverse la courette sous les étoiles pour boucher le trou avec un morceau de fibre couvert d'un morceau de plaque.
- Je finis ma nuit. Au réveille, je bois mon café dans ma tasse de G. Heizmann achetée cet été à Tréguier.
- J'attends (toute excitée) le jour suivant pour ouvrir le four et voir si les porcelaines ont pété et si mon bleu est comme je le veux.

En ce qui concerne la porcelaine-papier, c'est une technique que j'avais laissée de côté le temps d'ouvrir la boutique et d'organiser ma production. (Plus d'infos sur cette technique dans ce billet de 2016.) En octobre j'avais enfin le temps de faire une barbotine de porcelaine-papier et avec deux autres potières du coin nous avons fait quelques pièces. Pour l'instant je n'en ai cuit que quelques unes, mais je suis assez contente des résultats de ces porcelaines cuites à l'étage froid du four !





vendredi 8 septembre 2017

Plaque et autres plaisirs

En ouvrant La Revue de la Céramique et du Verre, j'ai retrouvé avec plaisir la BD d'Otto Lindner. Comme à son habitude, il nous livre une vitrine sur la vie du potier, et elle reflète parfaitement notre été.

Cliquez pour mieux lire le texte.

Comme dit l'auteur, c'est grâce aux visiteurs (touristes et locaux) que nous pouvons vivre ici, et je les remercie vivement.

Ces derniers temps dans l'atelier, j'ai des sentiments d'obligation et de liberté à la fois. D'un côté, il y a la contrainte de faire les objets que les clients aiment le plus. De l'autre, il y a la liberté de tester de nouvelles formes.

Pour l'instant je ne suis pas lasse de la création des tirelires, porte-éponges, tasses, et autres formes vendeuses. Leur création reste intéressante parce que je peux toujours améliorer la finesse, l'émaillage, ou la rapidité de production.

Avant d'ouvrir la boutique à Pontrieux, à la pépinière à Ger, je faisais déjà beaucoup de tests, mais surtout dans l'optique de faire des séries, donc tests de tasses, bols, ou autres formes suivis de tests d'émaux.

Ici c'est différent, car ayant déjà quelques valeurs sûres, je peux faire des pièces uniques, comme un petit plat en forme de bateau avec des cuillères pour rammes, ou comme des mini-animaux (poulpes, cochons, giraffes) ...ou comme les coquillages faits à partir de vrais coquillages que j'ai trouvé, euhm, dans la forêt. (Les restes d'un festin d'elfes peut-être ?)





Et même si le tour reste mon outil de travail préféré, je travaille de plus en plus à la plaque.  Mes vases à la plaque plaisent au public, donc je continue à en faire. Chaque vase est unique car la forme et les reliefs dépendent de mon humeur du jour... ou, plus précisément, ça dépend de l'humeur de la plaque.



Cliquez ici pour lire en plus grand

C'est également le cas pour les plats que je fais d'après la rubrique "moule en écharpe" dans Le Livre du Céramiste.

En gros, on suspend un tissu entre des supports (par exemple, les jambes d'un tabouret) et on pose sa plaque dessus. Ensuite, on est libre de travailler la forme de la plaque qui est bien soutenue par le tissu. En ajoutant d'autres tissus ou du papier, on peut modifier la forme de la plaque. Je commence à faire des plats à fruits avec cette technique et là encore c'est la plaque qui me guide, qui détermine les courbes finales.


Tandis que j'ai l'impression de réussir mes vases à la plaque, je dois encore peaufiner la cuisson des plats à fruits. J'adore la phase de création, mais à la cuisson à 1265°, les plats ont tendance à s'aplatir - mince !

Mon plan est de me fabriquer des supports coniques que je mettrai en dessous du plat à la cuisson. Encore faut-il que je fabrique ces supports et le plat qui va avec ; pour l'instant, je suis occupée à faire des porte éponges et un nouveau vase à la plaque !




vendredi 21 juillet 2017

Stage avec Dany Jung

Vendredi dernier, je suis revenue de Ger en faisant très attention dans les virages : je voulais éviter d'abimer ma sculpture qui reposait dans un carton côté passager.

Je n'ai pas l'habitude de faire des sculptures et je considère que c'est un sujet où il me reste des choses à apprendre. Du coup j'étais attirée par le stage de Dany Jung, organisé par Terres d'Echange, dont le sujet était la composition à partir des pièces tournées. Surtout que j'ai déjà tenté de créer des choses, notamment des châteaux ou des poulpes, de cette façon. A chaque fois, j'ai eu des problèmes d'assemblage ou de séchage et je me disais que ce stage pourrait m'aider.

En plus, dès qu'on voit le travail de Dany Jung, on a forcément envie de suivre son stage !

Oeuvre de Dany Jung. Retrouvez celle-ci et d'autres ici

Nous étions sept à faire le stage. Le premier jour, nous avons fait des croquis sur papier et ensuite des petits models 3-D afin de décider d'un projet de création.

Mon chat, premier modèle
Nous avions la possibilité de choisir notre sujet, mais certains sujets étaient critiquées comme non-sculpturales ou kitsches.


Chat, deuxième modèle

Certains participants au stage prennaient ces critiques pour un refus de l'objet choisi tandis ce que j'interprétais ceci comme une critique sur l'attitude du sujet ou sur l'utilisation de l'objet ("une lampe n'est pas une sculpture")

Chat, modèle avec idée de décors

C'est le genre de commentaire que tu ne risques pas d'entendre tout seul dans ton atelier, et je trouve que c'est l'un des intérêts d'un stage.




Les croquis et modèles permettent également une réflexion sur la composition finale de la sculpture : sera-t-elle posée directement sur une table ou fixée à un socle ?
Dany nous a fait remarquer que les lignes importantes d'une sculpture peuvent continuer dans le socle.
Projet de M-C.P. J'ai hâte de voir si je retrouve
 ses figures sur le prochain marché de potiers !

X.R. avec son projet ambitieux !

A la fin de la journée, tout le monde avait des projets 3-D plein d'esprit.

Le deuxième jour, nous avons tourné les morceaux nécessaires à nos sculptures. En gros, si on fait un être avec une tête, un ventre, deux bras, et deux jambes, il faut tourner autant de cylindres. Potentiellement la tête et le ventre seraient des boules ou des demi-sphères. Le plus compliqué pour moi c'était de décider des proportions. Pour d'autres, le plus difficile était de tourner des objets suffisamment épais, car les potiers habitués au tournage utilitaire essaient en général de tourner le plus fin possible. Pour la composition d'une sculpture, c'est important de prévoir des épaisseurs qui permettent la déformation de l'objet et qui peuvent porter le poids des autres éléments lors du collage.

Les objets tournés pour le projet de sculpture de femme de V.L.

Quand les pièces tournées étaient consistance cuir, nous avons commencé nos assemblages.

En cours : la sculpture de femme de V.L.

En cours :  l'ours de K.M.

Pour éviter les problèmes d'assemblage, il faut juste être prévoyant. L'astuce c'est d'avoir les choses suivantes à portée de main : un vaporisateur (vulgairement appelé le "pschitt-pschitt"), des gros pans de plastique, des mousses (chutes de matelas), et de la terre molle. Au cours de la construction de la sculpture, on la ré-humidifie, on la soutient avec des cales, et à la fin de la journée on fait attention à ce que tout soit bien emballé sous plastique.

Même en calant les différents morceaux de la sculpture, j'ai eu du mal à garder ma sculpture en équilibre. Pour gérer ce problème et les problèmes d'enfournement ou risque de casse, Dany nous a conseillé de faire nos sculptures en plusieurs morceaux qui seraient collés après cuisson. Ainsi ma sculpture est composée de trois morceaux : le corps du chat, la queue, et le socle. Si mon socle s'avère être trop léger après cuisson, Dany m'a conseillé d'y faire couler du ciment. Tout ça c'est logique, mais ne vient pas naturellement quand on à l'habitude de faire des pièces utilitaires : les anses doivent tenir sans colle.

5 jours de stage, ça passe très vite. Certains ont réussi à finir leurs oeuvres.

Eléphant de C-M.F

Arrosoir avec nuage de P.J. et Femme de X.R. 

D'autres, dont moi-même, ont décidé de finir leurs pièces chez eux. Rentrée à Pontrieux j'ai découvert que A. a vendu pas mal de pièces à la boutique et j'ai du tout de suite vider le four, faire de l'émail, et émailler des pièces. Le four en route, je me suis remise à la production... Tout ça pour dire que mon chat (chat en terre, non en chair !) reste emballé dans son plastique, mais je compte m'y remettre aujourd'hui !

Miaou



dimanche 9 juillet 2017

Poterie à Pontrieux

Dès fois, en faisant mon yoga du matin dans la cour, je ferme les yeux très fort pour ensuite les réouvrir. C'est un test : ma vie ici est-elle un rêve ? Mais je suis vraiment là, dans une jolie courette au bord du Trieux en train de respirer l'air frais du matin. Parfois le parfum des fleurs est mélangé aux odeurs agréables du pain ou des oignons caramélisés, selon si le vent passe devant la crêperie ou la boulangerie.
Notre rythme de vie est devenu très agréable depuis l'ouverture de la boutique ici à Pontrieux. Petite sortie dans la courette avant l'ouverture de la boutique. Modelage de tortues avec le café. Tournage ou modelage toute la journée, avec des pauses marquées par l'arrivée des gens dans la boutique. C'est l'opportunité de causer poterie, en leur expliquant ce que j'utilise comme terre, à quelle température ça cuit, comment appliquer l'émail...
Je ne sais pas de tout si cette vie est possible à long terme, car il est trop tôt pour dire si l'atelier sera un succès au niveau des ventes et des cours. Après un mois d'ouverture, tout ce que je peux dire c'est que je suis ravie des cours avec mes premières élèves et que je vends beaucoup de tortues. Du coup j'en ai fait plein. Sorties du four, il y en avait dans tous les coins de la boutique ; les visiteurs commençaient à dire quasi systématiquement, "Oh, la tortue doit être votre animal fetish/totem/préféré." Mais il m'est arrivée aussi qu'une dame me dise, "ma belle-soeur adore les tortues - je vais vous en prendre 5." Je continue à en faire.

 Un poulpe s'est mélangé aux tortues

Si en général je vends soliflores, tasses, et tortues, il est arrivée aussi qu'on m'achète des objets un peu moins communs (à mes yeux), comme mon vase en spiral. Ca m'a poussé à créer de nouveaux vases à la plaque.

Vases avant cuisson

D'habitude, je fais deux plaques sur le tour afin de créer une belle spirale, mais cette fois j'avais envie de faire un vase à partir de plaques roulées. En fin de compte, la construction du vase était beaucoup plus difficile, peut-être parce que mes plaques étaient encores trop molles quand j'ai commencé mon assemblage. Malgrès ces problèmes, je suis contente du résultat et je vais en refaire comme çà. Reste à savoir comment je vais les émailler. Le grès rouge de Bourgogne utilisé pour deux de ces vases est couleur bordeaux après cuisson, me donnant envie de laisser la terre partiellement apparente.
Sinon, je commence à faire plus de tournage à la motte. C'est vraiment pratique pour la fabrication des soliflores et même pour les tirelires, car je ne suis plus obligée de faire un bélier pour chaque objet. Avant je ne me sentais pas à l'aise avec cette technique, mais depuis la création d'une tonne de pions à la motte pour les jeux de A., je m'y mets plus facilement.

Jeu de Hnefatafl (Jeu de stratégie inventé par les vikings)

En théorie je ferme à 18h30 mais souvent je reste plus tard dans l'atelier. Cela dit, avec les longues (c.a.d. glorieuses) journées d'été, nous réussissons quand même à sortir le soir. Une ou deux fois par semaine il y a le badminton avec le club du coin et les autres jours nous continuons à découvrir les environs de Pontrieux en vélo ou à pied. Ici on peut facilement se promener au bord de l'eau, dans la forêt, ou entre des champs de blé dorés longés de coquelicots.

La semaine prochaine je retourne à Ger pour le stage de Dany Jung au Musée de la Poterie.

Oeuvre de Dany Jung - impressionnant !

J'ai hâte d'y retrouver des amis et je suis ravie de faire le stage sur la création d'objets à partir de formes tournées ! J'espère avoir le temps de raconter tout ça sur le blog. C'est difficile de se mettre à écrire quand le chant sirène de l'été enchanteur entre si facilement par la fenêtre ouverte.

lundi 29 mai 2017

L'Atelier Khnoum est ouvert à Pontrieux !

Ça y est, samedi nous avons fait portes ouvertes et un pot le soir pour fêter l'inauguration de la boutique. Je suis vraiment touchée par l'accueil des personnes que nous avons rencontrées pendant nos premiers mois à Pontrieux ; ils étaient nombreux à venir nous voir ce weekend et à nous souhaiter du succès. Mes adorables voisin(e)s du café Au bon goûter 1900, de la charcuterie Mazet, et de Cristal de Roche m'ont donné des fleurs superbes !



La dernière fois que j'ai écrit un billet sur le blog, nous n'avions pas encore de plancher dans la cuisine, l'atelier était orange, il n'y avait pas de bois pour les meubles, et je n'avais pas de four. Tout a changé depuis !

La boutique avant


La boutique maintenant


L'atelier avant


L'atelier maintenant


Ça nous a pris deux mois et c'était sportif avec la peinture, le démantèlement des palettes, et la construction des meubles avec les susdites palettes...



... et des caisses à vin



J'avais déjà des caisses à vin, et heureusement car il s'avère que maintenant on ne peut en récupérer dans les magasins qu'au moment des foires à vin. Concernant les palettes, la plupart des grandes entreprises les recyclent, mais nous avons quand même réussi (merci au Point Vert de Pontrieux !) à en trouver pour ensuite les démonter, poncer, et vernir. Ensuite A. a construit les meubles selon les plans que j'avais dessinés... après quelques modifications, car à l'origine mon design était "contraire aux lois de la physique."

J'essaie d'avoir un esprit pratique ; il devrait être facile pour une potière d'être terre à terre ! Mais j'ai remarqué au cours de la rénovation que je ne comprend pas intuitivement la construction des choses ou le fonctionnement des machines, surtout comparé à A. qui comprend ce genre de chose sans un effort d'analyse. Est-ce une question de nos cerveaux ? de notre éducation ? (J'avais des legos mais c'est vrai que je préférais me déguiser, dessiner, ou courir dehors dans tous les sens.) Aussi, avant de démarrer un projet, A. va chercher des infos sur internet, source incroyable de vidéos expliquant toutes sortes de rénovations/créations, tandis que moi, j'ai plus tendance à essayer un truc, me rendre compte que ça marche pas, et ensuite chercher une solution. Ma façon de faire a ses défauts et j'essaie de m'inspirer de sa façon de faire. Surtout qu'il nous reste encore des rénovations à faire dans le reste de la maison !

Mais avant d'attaquer tout ça, il faut que je tourne quelques pots ! Déjà ce weekend les visiteurs à Pontrieux ont commencé à prendre mes plus belles pièces et je me rends compte que je vais devoir bien travailler pour alimenter le stock de la boutique ! Le nouveau four est branché, il reste juste à le remplir. J'ai hâte de voir mes émaux à l'issue de la première cuisson : chaque four est un peu différent. Aussi, P.B le peintre de Esquisse et Lavis m'a raconté que dans le temps un autre potier a Pontrieux a eu des changements de couleurs en s'installant ici ; l'eau était plus calcaire que celle de son précédant atelier dans le sud de la Bretagne. On verra si mes couleurs restent pareilles quand j'aurais préparé de l'émail avec l'eau du Trieux. Je vous tiendrai au courant sur le blog, ou vous verrez peut-être vous même en passant me voir à Pontrieux :)


lundi 3 avril 2017

Semaines mouvementées

Pendant les trois dernières semaines de la pépinière, j'ai fait deux cuissons par semaine afin de vider l'atelier, rendre les dernières pièces aux élèves, et faire un peu de stock en préparation de l'ouverture de mon atelier à Pontrieux.
Bizarrement, c'est aussi devenu une période d'expérimentation :  j'ai fait quelques objets un peu plus larges que ce que je faisais d'habitude (comme ce bol à fruits d'environs 45cm de large) et j'ai testé le grès rouge de Bourgogne. C'est une terre que j'ai découverte grâce aux participants des cours du lundi soir au musée ; je suis très contente des bols à cidre faits avec cette nouvelle terre !

J'ai fait plein d'autres découvertes grâce au groupe du lundi. J'ai approfondi certaines techniques afin de pouvoir les faire en cours. Ensuite leurs envies et inspirations m'ont montré des nouvelles choses à poursuivre. C'est frappant quand on introduit des techniques et que l'élève se les approprie pour faire une pièce qui lui appartient totalement.

Par exemple, on avait fait des petites tasses
(vraiment mini : taille espresso) "déformées" en mode pot-pincé ... 


... et on avait parlé d'émaillage avec réserves (zones protégées de l'émail, en vue d'une cuisson raku.)
Résultat : M.M. a fait cette grande pièce qui combinait parfaitement les deux techniques. Dans la première photo, on voit sa pièce avant la cuisson.



Les gommettes empêchaient l'émail de couvrir toute la pièce 
et la cire protégeait la partie supérieure. Le résultat en raku était magnifique ! 


Et c'est juste un exemple parmi tant d'autres. En somme, je suis désolée de ne plus faire les cours au musée - à 2h30 de Pontrieux, c'est trop loin ! Heureusement, M.P. reprend les cours et le groupe pourra continuer leurs explorations de la céramique !

Le déménagement a commencé entre les dernières cuissons et les derniers cours. Ayant plusieurs semaines pour le déménagement, nous avons tout transporté en plusieurs voyages dans notre petit utilitaire. Quand je déménage, je pense, "Je suis arrivée en France avec un sac à dos et une guitare. Comment j'ai fait pour acquérir tout ça ?!" (sous-texte : qui a tourné tout ces pots ?!). Ensuite, je pense au projet "Material World" par Peter Menzel, photographe qui a immortalisé des familles partout dans le monde devant leur maison et leur possessions.

En tout cas, ça fait du bien de se poser maintenant à Pontrieux. ...Sauf qu'on ne se pose pas trop parce qu'il y a du boulot !


L'espace qui sera dédié à l'exposition des poteries était jaune, vert, et orange. A. a fait des recherches sur le meilleur moyen d'enlever le papier peint et il s'avère qu'il suffit de l'asperger avec de l'eau chaude. Une fois le papier enlevé, il faut laver les murs avec un mélange d'eau chaude et vinaigre afin d'enlever la colle.

Ensuite, on fait une pause pour photographier...


...la pâte à reboucher. On s'amuse comme on peut.

Ensuite, peinture. Pour l'instant il n'y a que la sous-couche, mais l'aspect de la salle a déjà une toute autre allure !


En parlant de peinture, nous avons acheté la peinture chez peinturokilo.com et si j'en parle c'est parce que leur service client est top. L'un des seaux de peinture s'était brisé, mais je l'avais remarqué seulement après le départ du livreur. Un coup de fil à l'entreprise et c'était tout de suite réglé; ils ont envoyé un nouveau seau.

En parlant de papier peint, dans la maison il y a aussi les restes des jolis papiers des années.... 20? 30? 40? Ce n'est pas ce que je voudrais dans ma maison, mais je les trouve quand même beau.
Oui oui, au tour de ce beau papier on dirait du plancher et de la veille isolation. C'est qu'on a découvert le papier peint quand nous avons enlevé tout le plancher de la future cuisine.
A l'achat de la maison ce sol était recouvert d'une veille moquette et on se doutait qu'il y aurait peut-être du plancher pourris dessous. Après réflexion, on a décidé de refaire le sol.

Quand je pense qu'en janvier je pensais peut-être pouvoir ouvrir pour les JEMA  - c'était ce weekend! Samedi nous sommes allés voir quelques artistes à Pontrieux qui exposaient dans le cadre de cet événement. Nous avons beaucoup apprécié l'installation de Laurence Maillard où de nombreux personnages en fil de fer et papier dansaient suspendus par des fils quasi invisibles tandis que leurs ombres flottaient sur le mur. Je n'ai pas pris de photo, mais voici l'image sur sa carte, pour vous donner une idée.



Et dimanche, je suis retournée à Ger afin de participer au JEMA de Terres d'Echange. Nous avons fait des tasses engobés. C.B. nous a initié au transfert des dessins faits sur une plaque de plâtre (voir visage ci-dessous) et à la technique "mocha tea" (voir tasse de droite ci-dessous.)


Comme à chaque fois, l'activité de l'association était super et j'ai bien envie d'y retourner pour la prochaine activité autour de l'enfumage !



lundi 20 février 2017

Réduction en four à gaz

Jusqu'à présent je n'avais jamais fait de cuisson en réduction dans un four à gaz. Je fais mes cuissons en oxydation dans un four électrique. Avec les deux types de cuissons on peut obtenir des effets différents car la présence (oxydation) ou l'absence (réduction) d'oxygène peut impacter les émaux. Par exemple, avec une cuisson en oxydation, un émail au cuivre sera vert, tandis qu'en réduction il pourra être rouge. Dans le four électrique, on est limité aux cuissons en oxydation car il n'y a pas de combustion à l'intérieur du four, qui est chauffé par des résistances. Dans un four à gaz ou un four à bois, la combustion se passe à l'intérieur du four et si on réduit l'apport en oxygène, la flamme va chercher l'oxygène nécessaire à la combustion dans les émaux. Ça change la composition chimique des émaux et produit des couleurs différentes.

Ça aurait été un peu dommage de quitter la pépinière sans avoir fait de cuisson en réduction - d'autant plus que le musée a récemment acheté un four à gaz flambant neuf. La semaine dernière j'ai enfin pu apprendre à faire une cuisson dans ce four, et c'étais à la fois simple et compliqué.

Première complication : je n'avais pas d'émaux pour réduction. J'ai donc cherché des recettes et surtout des recettes comprenant des ingrédients que j'avais déjà dans l'atelier. J'ai pas mal de livres avec des recettes d'émaux et on en trouve aussi sur internet. J'ai choisi un rouge de cuivre, un bleu de fer, un shino, et un céladon.
Deuxième complication : normalement, pour tester un nouvel émail, je glisse une tuile et/ou un petit bol couvert de cet émail dans une de mes cuissons, ce qui évite de fabriquer beaucoup d'émail pour rien. Cette fois-ci j'ai du remplir le four avec des pièces couvertes de ces quatre émaux inconnus. J'ai donc choisi des pièces biscuitées qui traînaient dans l'atelier depuis des mois (des trucs un peu moins réussis.) J'ai laissé de la marge aux pieds des pièces au cas où les émaux couleraient.
Troisième complication : c'était la première cuisson en réduction dans ce beau four avec réglage automatique ou manuel, et avec P. nous avons découvert ensemble comment gérer la réduction.

Première simplicité : Ce que j'appréhendais toujours dans la cuisson à gaz (par manque d'expérience) c'est de ne pas bien gérer l'arrivée du gaz. C'est un peu ridicule, car tout ce qu'il faut faire c'est ouvrir une vanne et gérer la pression.
Deuxième simplicité : En bas, le four a quatre brûleurs. A l'arrière il y a une série de cheminées, dont les sorties sont juste en dessous de la hôte du four. Pour créer un atmosphère réductrice, on ferme partiellement le registre du four, couvrant en partie les sorties de cheminée. Cherchant l'oxygène, la flamme sort par les cheminées. Quand on voit cette flamme, bleue ou verte selon la composition des émaux, on sait que la réduction est en cours.

Ici, le registre est à moitié fermé et on y voit les flammes.

Si on ferme trop le registre, la température stagne. Pour monter, on peut augmenter la pression ou rouvrir un peu le registre. Si les flammes à la sortie des cheminées disparaissent, c'est qu'on est retourné en oxydation.

Petit hic :  nous sommes passés de cuisson automatique en cuisson manuelle, au milieu de la cuisson. Il y avait un petit temps mort pendant lequel la température a baissé et nous sommes retournés en oxydation. Nous avons ensuite redémarré le four, la température a remonté et nous avons redémarré la réduction.

En ouvrant le four, j'ai trouvé...

...un beau shino. Plus c'est épais, plus c'est blanc.
Posé assez finement sur du grès de Treigny, on a un beau teint orange.


...un bleu de fer pas bleu du tout ! Il est vert comme des haricots trop cuits.
Sur les pièces où j'ai superposé shino sur bleu de fer,
il y a une zone bleu-grise, pleine de cloques !


...un céladon raté sur le vase posé en haut du four, mais pas mal sur 
les assiettes du bas sauf qu'il est très gris. Dans les deux cas, c'est du grès de St. Amand ;
à mon avis, il serait mieux sur une terre plus blanche.


...un rouge de cuivre qui est devenu plus ou moins rose/bordeaux selon les pièces. Les assiettes posées au fond en bas du four sont bien bordeaux sur leur moitié en rouge de cuivre mais les bols posés plus hauts dans le four sont verts avec des points rouges. Les objets en grès blanc sont restés plus verts que ceux en grès de St. Amand.


Hmmm... qu'est-ce que ça veut dire, tout ça ? Il faudrait refaire une cuisson avec les mêmes émaux et sans retour en oxydation en haut de la courbe afin de voir si les émaux réagissent mieux. Ensuite il faudrait potentiellement changer la période de réduction, la courbe de cuisson, ou les recettes.

Je ne vais pas avoir le temps de faire tous ces tests avant de quitter la pépinière et je ne pense pas que je vais avoir un four à gaz dans l'avenir proche. Néanmoins je suis ravie d'avoir fait cette cuisson. Je comprends mieux à quel point la pratique est nécessaire pour contrôler et/ou prédire les résultats en réduction, mais je vois aussi que le déroulement de la cuisson est relativement simple. Qui sait, peut-être un jour j'aurai un four à gaz permettant de continuer ce genre de recherches. Et entre temps, je trouve l'expérience motivant sur d'autres niveaux. Ça me donne envie de poursuivre mes recherches en oxydation et d'approfondir d'autres types de cuissons, comme le raku et le pit-fire. En céramique, chaque découverte est une porte ouverte vers de nouvelles aventures !