dimanche 26 février 2012

Il était un petit navire


Parfois j'ai l'impression que l'internet est un océan et que mon petit atelier flotte dedans. De temps en temps un bateau s'arrime à mes cotés. Parfois je croise tout un paquebot plein d'artistes. La plupart du temps, c'est le calme plat.

Le weekend dernier, j'ai consacré un peu de temps à ma présence sur le web. Avec mon blog, mes boutiques A Little Market et DaWanda, et le site Khnoum, je commence à avoir l'impression que j'existe sur le web.

Beaucoup de choses sympas sur ce site si vous voulez évitez la production industrielle 
Je suppose que ce n'est pas très différent de l'effort qu'on aurait fait il y a 20 ans (ou même 10) afin d'être référencé dans divers annuaires. Mais sur Internet, j'ai parfois l'impression de partager mes poteries dans un environnement où il y a déjà tellement de choses qu'on risque de ne jamais tomber sur moi. Tapez "tasse" ou même "tasse en grès" dans Google, et vous allez voir.

Ack ! Mais que faire quand ceci est le premier résultat ?
Cela dit, c'est grâce au web que mes élèves m'ont trouvée. Il me permet également de découvrir et de postuler aux marchés de poterie. Dès qu'on a une question pratique sur la poterie, l'internet nous fourni des réponses. Sur Pottery Magic, un site au design extrêmement retro, on peut trouver des instructions et des idées. Sur Ceramique.com on trouve un forum intéressant et des petits annonces...
...qui font rêver !
D'un autre coté, j'ai remarqué que pas mal de céramistes ne sont pas très visibles sur le web. Dans un des magazines que je reçois il y avait tout un article sur comment utiliser l'Internet; c'est clairement une nouvelle tendance pour les potiers.

Pour moi, c'est grâce au web que l'activité de mon atelier a vraiment démarré en 2011. Mais il faut un effort constant pour y être visible. (Rien que ce billet, théoriquement, améliore mon référencement.)

Je n'ai plus de carte de bibliothèque à cause de l'Internet. Je l'utilise souvent dans ma vie privée et professionnelle. En général, je l'utilise sans y réfléchir. Mais un ami m'a récemment passé un livre, qui s'appelle "You are not a gadget" : c'est une critique de l'Internet tel qu'il existe aujourd'hui. C'est aussi un rêve du potentiel de l'Internet, un Internet plus humaniste. Si vous êtes intéressé par la technologie, je vous invite à lire ce livre. Il m'a rappelé que la réalité de l'Internet est la somme de nos contributions.

Promis, la prochaine fois, je vous fais un billet plus centré sur la poterie.

Une goutte cristaline dans l'océan.

dimanche 12 février 2012

Pourquoi la porcelaine?

Hier, j'ai voulu tourner des petits bols en porcelaine. Ça faisait longtemps que je n'avais pas travaillé la porcelaine, et je me suis demandé si ça ne serait pas plus facile de tourner "off the hump." Je ne sais pas dire "off the hump" en français, mais en gros, il s'agit de centrer une grande quantité de terre, et ensuite on tourne des petits objets à partir de cette masse. On trouve plein de videos sur le sujet, comme celui de Simon Leach.

En tout cas, j'ai décidé de tourner ma porcelaine "off the hump," mais c'était pas top : mes pièces se déformaient quand je les enlevais. Je soupçonne que c'est un tour de main à prendre.

Le soir, j'ai regardé une émission de la BBC sur l'histoire de la céramique en Angleterre dans laquelle j'ai vu, pour la première fois, le travail d'Edumund de Waal. Il tournait des petits cylindres en porcelaine.
Holy shit, that's a lot of cylinders!
Avant de tourner, il prépare des petites boules de porcelaine de pas plus de 200 grammes. Je me suis dit, "Ah-hah ! C'est comme ca qu'il faut faire ! Demain, je vais faire de pots comme lui !"

Ahahahahaha, regardez le site d'Edmund de Waal et vous allez comprendre que je n'ai pas fait des pots comme lui. Mais il faut bien s'inspirer quelque part, non ?

C'est pas compliqué de faire un cylindre en porcelaine. Le truc, c'est de tourner une paroi fine.










Voilà, j'arrive à faire des choses plus ou moins fines tant que l'objet ne dépasse pas les 8 cm ! Je vais essayer de faire des petits luminaires, mais je ne sais pas si j'arriverai à faire des pièces assez fines pour être translucides.

Pourquoi utiliser de la porcelaine lorsqu'il est plus facile de faire des choses grandes et fines avec du grès ? Parce que la porcelaine est étrange. Elle est dure au début, mais devient molle quand on la travaille un peu à la main. Ensuite, sur le tour, on dirait du chewing-gum. La consistance est complètement différente de celle du grès. C'est très plastique. Plus solide et plus fragile à la fois.

J'ai fermé mes yeux et j'ai laissé la boule tourner dans mes mains sur le tour. Ça faisait un moment que je ne l'avais pas fait. C'était crémeux.





dimanche 5 février 2012

Snow

Il neige dans Paris!!!



Le chat est très étonné.


mercredi 1 février 2012

Udu

Parfois quand je lave le saladier en métal, je le heurte contre l'évier et il fait un joli bruit de métal adouci par l'eau. Un jour, A. m'a fait écouter un enregistrement d'udu, et j'ai découvert que cet instrument fait un joli son d'eau sans même en avoir à l'intérieur.

L'udu vient du Niger, où il est fabriqué en colombin. Il peut avoir plein de formes différentes. L’essentiel est d'avoir un corps avec un trou, et un col qui finit également en trou.



A Paris, on trouve des udus dans les grand magasin d'instruments de musique. Il y en a en céramique, mais aussi en fibre de verre :


Fasciné par l'instrument, A. a voulu en faire un, et il nous a fabriqué notre premier udu.



Pour le faire, il a assemblé deux bols faits à la plaque et il a construit le cou en colombin. Le son de ce petit instrument est vraiment pas mal. Le son d'un petit plan d'eau dans une caverne.

Je pensais qu'un udu plus grand ferait plaisir à A., et j'ai décidé d'en faire un autre, au tournage. Je l'ai tourné en deux pièces - un grand bol, et un espèce de grande bol à l'inverse avec un col. C'était grand à la fin, et j'étais très contente. Ensuite, il est sorti du four et j'ai compris que le son était mauvais. Aucun bruit d'eau.

J'en ai fait un autre... Et un autre... Et un autre...

J'en ai fait plusieurs, mais à un moment donné j'ai arrêté de les passer au four. Si le son n'est pas bon avant la cuisson, il ne le sera pas après.

A. comprend le rapport entre forme et son mieux que moi. Le plus récent des udus a eu droit à un émaillage, car A. m'a aidé à le fabriqué tout en respectant la bonne taille et la bonne orientation des trous. J'ai surtout appris que le trou sur le coté doit être plus large que le trou du col et que le col doit être long (A. n'est pas convaincu sur ce deuxième point.)



Cette fois, c'est un udu entièrement tourné, à l'exception des 2 colombins rajoutés au col. Le son de ce dernier udu est bon, mais à mon oreille, c'est toujours le son d'un étang. A. pense qu'il faudrait une parois moins épaisse (et/ou une taille plus grande) pour avoir un son plus profond.

Je cherche le son de l'océan, de la fosse des Mariannes! Va falloir retourner à mon tour.