mercredi 7 décembre 2016

Explorations

Cet été j'ai suivi le stage d'Ana-Belén Montero (voir les stages d'été 2016) sur la fabrication des objets en terre papier, et particulièrement en porcelaine papier. Il s'agit d'un mélange d'argile et de papier (voir recette) et à la cuisson la partie papier part en fumée, permettant de faire des objets d'une extrême légèreté.

Lors du stage nous étions invités à napper toutes sortes d'objets organiques dans une barbotine de porcelaine papier. Chaque personne a apporté des choses à tremper dans la porcelaine : fleurs, plumes, pâtes, gâteaux apéritifs, coton-tiges, tissus, origamis, etc. La barbotine de porcelaine papier permet également de coller des formes déjà sèches entre elles. Les membres du groupe ont alors créé des formes par trempage ou modelage avec toutes sortes de choses collées sur les surfaces.

Le bol d'un autre membre du groupe, avec plein de plantes !

A la fin du stage, j'avais de nouvelles connaissances, une nouvelle sympathie pour la barbotine terre papier, et la tête pleine d'idées ! Je remercie Ana-Belén, qui est une excellente formatrice, apportant des connaissances techniques toute en stimulant la créativité.

Je suis également reconnaissant à Terres d'Echange pour les journées d'après-stage. J'aurais pu travailler la porcelaine papier dans mon atelier, mais c'est pas évident : je suis entourée de pains de grès, des morceaux de grès desséchés demandant à être reconditionnés, des seaux de barbotine de grès, du grès étalé sur plâtre... Lors de l'après-stage, avec les autres membres de l'association, j'ai pu me poser dans l'atelier du Musée et travailler sur les deux idées que je voulais revoir après le stage : les bols et les nids.


Les bols


L'année dernière, j'ai créé des bols en étalant du papier trempé dans une barbotine de porcelaine sur des ballons (voir ce billet) et le stage m'avais donné des idées pour améliorer ce genre de bol. Cette fois j'ai mis un chiffon au tour du ballon et j'ai ensuite trempé (plusieurs fois) cet ensemble dans une barbotine de porcelaine papier. Avant cuisson, j'ai retiré le ballon et le chiffon.


La réalisation de ces bols était beaucoup plus facile que la réalisation des bols en papier + barbotine de porcelaine, et le résultat est beaucoup plus régulier ; les autres avaient tendance à se déformer à la cuisson.

Les nids


Lors du stage, j'avais apporté un nid d'oiseau à tremper dans la barbotine. Ana-Belén m'a dit que ça serait dommage car on ne verra pas, après trempage, tous les détails qui rendent le nid intéressant. (A force de tremper des trucs dans la porcelaine, on se rend compte que cette remarque est vraie pour plein d'objets.) Elle a dit, ça serait peut-être plus intéressant de s'inspirer du nid.

Tiens, je n'avais pas pensé à ça.

Du coup j'ai essayé de coller de la mousse, des poils, des graines, et/ou des épis de blé sur le bord des formes. J'ai mis des gâteaux apéro sur certains pour leur donner des pieds (nids d'Oiseau-Baba-Yaga ?) et voilà le résultat.


J'ai tout cuit en mono-cuisson, à 1265°. J'avais appliqué un peu d'émail sur certaines pièces (le bol à bord brun, les deux pièces un peu brillantes parmi les nids.)

Clairement, il me reste beaucoup de choses à explorer. Je vais peut-être essayer faire des nids qui ressemble plus à des nids et je pense combiner l'idée de ballons couverts d'un chiffon avec celle d'une couche de papier trempé dans de la porcelaine papier... hmmm... il y a tellement de choses à faire !

Pour conclure, voici des instructions pour faire de la porcelaine papier (ou autre terre papier.)


Pour avoir une terre papier, on rajoute un pourcentage de papier à une terre. Nous avons travaillé avec 3% de papier, mais on peut en rajouter jusqu'à... à vous d'essayer : plus il y aura de papier, plus on va changer la consistance de la terre quand on la travaille, mais plus on aura de légèreté après cuisson. On peut aussi tester différentes sortes de papier ; nous avons pris du papier toilette, qui se désintègre facilement dans l'eau chaude.

     Instructions :
  • Mettez 1 kilo de porcelaine en poudre (porcelaine de coulage ou autre) dans un seau.
  • Pesez 30g de papier toilette, déchirez le, puis déposez le dans un seau.
  • Versez de l'eau chaude sur le papier. On peut le laisser se dissoudre tout seul ou alors l'encourager à l'aide d'un mixer.
  • Quand le papier est bien dissout, on le tamise pour éliminer l'eau.
  • Rajoutez de l'eau à la porcelaine de coulage pour avoir un barbotine épaisse - pas trop d'eau, car on va bientôt rajouter le papier humide.
  • Rajoutez le papier humide et mélangez : voilà une barbotine papier !
Pour avoir une plaque de terre papier à modeler/tourner, on peut étaler cette barbotine papier sur une plaque de plâtre et la laisser sécher jusqu'à la consistance voulue.

Revenez au début du billet

lundi 31 octobre 2016

Rencontres

Quand nous sommes arrivés à Ger, on nous a souvent dit, "vous n'allez pas vous sentir trop seuls ici ? Et l'hiver ?" Mais il s'avère qu'on fait beaucoup de rencontres et qu'on voit même, occasionnellement, des gens à Ger après le mois de septembre ! Nous avons plus facilement échangé avec les personnes ici que durant nos 10 ans à Paris (bisous à tous nos amis parisiens !), ville où l'état naturel est l'anonymat.
On voit moins d'humains dans la Manche...

 

 ...mais on fait des rencontres de qualité.

construction de four lors de la soirée du feu

Certains échanges commencent sur ce blog, et je tiens à remercier les personnes rencontrées à la boutique, sur les marchés, ou par email qui m'ont dit qu'ils le lisent. Ça fait plaisir de savoir que quelqu'un suit l'activité de l'atelier et j'espère que, de temps en temps, je partage des infos qui se révèlent utiles pour ceux qui touchent à la céramique !

Sur les marchés on rencontre beaucoup de monde, et parfois on revoit quelqu'un plus tard sur un autre marché ou à l'atelier. Ces personnes nous reconnaissent par mes poteries, par les jeux de A, par nos visages, ou encore par les conversations que nous avons pu avoir. C'est un plaisir dans tous les cas. Et parfois des personnes rencontrées sur des marchés viennent pour des cours. J'apprécie l'agréable ambiance de ces cours et la dynamique des familles dans l'atelier.

Toute l'année on voit les autres potiers et artisans du coin, surtout sur les marchés.  Etant naturellement un peu timide, lors de mes premières inscriptions je me demandais comment nous serions reçus par les autres artisans. J'avais tort de m'inquiéter, car les nouveaux artisans sont bien accueillis par les anciens qui donnent toutes sortes de conseils : où se garer près du marché, comment gérer les problèmes administratifs, comment éviter les trous d'épingle dans les émaux...

C'est encore plus sympa d'échanger avec d'autres potiers quand nous ne sommes pas au boulot, par exemple quand j'ai passé la journée à créer des assiettes avec les potiers de Terres d'Echange. Lors du  stage d'Ana-Belén en août, le fait de partager une semaine avec des personnes qui ont les mêmes centres d'intérêts que moi à été une expérience riche et inoubliable.

Je voudrais finir ce billet avec une image qui résume un peu l'esprit de partage entre les créateurs. Parfois un potier ou autre artisan (amateur ou pro) me donne un objet en remerciement d'un service quelconque ou tout simplement parce que je l'avais admiré. Ou parfois l'un de nous veut faire un achat et au lieu d'échanger des sous, nous échangeons des créations. Et c'est ainsi que je commence à avoir une petite collection qui me fait chaud au cœur !

Voici des liens vers les créateurs qui exposent/vendent leurs oeuvres :


dimanche 31 juillet 2016

L'arrivée du beau temps

Certains sont en vacance...

 .... tandis que pour nous, l'arrivée du beau temps signale l'arrivée des touristes. Du coup, les weekends, nous découvrons la Normandie en exposant sur des marchés et en semaine je m’entraîne au tournage avec des démos pour les visiteurs au musée.

Le weekend passé, par exemple, nous étions à Honfleur pour le marché de potiers. Etant actuellement à la recherche d'un atelier-boutique pour l'année prochaine, je regarde tous les villages, y compris Honfleur, d'un autre œil : je me demande comment ça serait d'y vivre, où serait le meilleur emplacement dans la ville pour un atelier, etc. En discutant de la ville avec A. après le marché, nous en avons conclu qu'il serait difficile de se garer, que l'immobilier doit être cher, et que la compétition entre les nombreuses boutiques doit être rude.

Vous avez déjà été à Honfleur ? On y rencontre beaucoup de touristes autour d'un petit port entouré de belles maisons à pans de bois ou couvertes de tuiles d'ardoise.









On y trouve également l'homme en blanc que j'ai vu tellement de fois à Paris (notamment sur la porte d'en face de l'atelier où je prenais des cours de tournage.)

En montant la colline, on déambule dans des petites ruelles entre des maisons bombées datant d'une autre époque. Le marché de poterie se tient sur la place St. Catherine, là où se trouve une église exceptionnelle. Elle est apparemment la plus grande église en bois de France et en rentrant dedans j'ai eu l'impression de voyager dans le temps. Notre stand était sur le flanc de l'église, et A. a pris cette photo des vitraux juste au bon moment !

C'est grâce à A. qui m'accompagne que j'ai la chance de pouvoir circuler un peu dans les environs des marchés, au lieu de passer tout mon temps derrière le stand. Il est bizarrement fatiguant de passer deux jours sur un marché, et c'est beaucoup plus facile à deux.

Hier soir nous étions à la fête Foksa Fourmille à Fontenai-les-Louvets, petite fête super conviviale avec des producteurs et des artisans locaux, des stands sensibilisant le public à des thèmes écologiques (consommation énergétique, identification des animaux sauvages, réduction des déchets), des concerts, des jeux et autres activités pour les enfants... Le public était très attiré par les poteries, ce qui nous change de certains autres événements qu'on a pu faire.

Dimanche et lundi prochain (7&8 août) nous serons sur le marché de potiers à Bricquebec, où à priori il s'agira aussi d'un public qui aime la céramique. Pour un aperçu du marché, vous pouvez regarder cette vidéo faîte par V. Rousseau.

Entre les marchés, les journées passent vite. Tout d'un coup il y a beaucoup plus de visiteurs aux musée et donc une partie de chaque journée est dédiée aux démos de tournage. J'apprécie le contact avec le public, car tout le monde aime voir du tournage et c'est enrichissant de discuter des techniques et de l'histoire de la poterie à Ger. En plus, j'en profite pour tester des nouvelles formes.

J'essaie aussi de faire quelques tests d'émaux, à la recherche d'un bleu qui me va.
 Je fais des tests avec du titane et de l'oxyde de fer, sans résultats concluants. Mais une discussion avec C. Bruckner m'a donné des idées à poursuivre, donc c'est reparti pour de nouveaux échantillons !

mercredi 8 juin 2016

A l'écoute dans l'atelier

Dans l'atelier, j'écoute beaucoup France Inter, et surtout l'émission d'Elsa Boublil, "Vous avez dit classique ?" Pour ceux qui ne connaissent pas l'émission, il s'agit d'un dialogue avec une personnalité (musicien, acteur, autre) où ils discutent des musiques (classique ou autre) qui ont touché l'invité au cours de sa vie. La musique est bonne et les parcours des gens sont intéressants. Et puis, il y a souvent du Bach.

Un jour un psychologue, invité à l'émission, a parlé d'une étude démontrant que l'écoute d'une musique enthousiaste peut rendre une personne plus optimiste et plus sûre de ses capacités. Depuis, je pense à cette étude dès que j'écoute un morceau de musique qui influence positivement mon travail.

En ce moment c'est la musique de Susumu Hirasawa qui me donne un élan particulier dans l'atelier. Hirasawa a fait la musique du film Paprika, et quand j'écoute Parade*, je suis emportée, non seulement par la musique, mais aussi par l'ambiance d'une scène dans ce film : cette musique fait le contrepoint sonore d'un défilé un peu fou.


Mais même si je ne connaissais pas le film, je pense que je serai sensible à cette musique qui est (chez moi) idéale pour le tournage et pour la création des châto-phores.

Le châto-phore qui attend la cuisson

Les jours d'émaillage, j'évite d'écouter les infos ou d'autres émissions radio, car ça peut être une distraction (et les nouvelles sont souvent mauvaises.) La dernière fois, j'écoutais The Weatherman en boucle. Je rentre très facilement dans l'ambiance de cet album qui est comme un road trip. Et puis, avec cette musique, l'émail s'étale correctement sur les pièces.

Par contre, en faisant le tournassage ou les rajouts sur les pièces tournées (anses, oreilles des tirelires, etc.) j'aime écouter des émissions radio. Sur France Inter j'aime la matinale, "Vous avez dit classique", et "D'ici D'ailleurs". J'écoute aussi La Tête au Carré, mais je suis parfois déçue de la qualité de l'émission ; je préfère Science Friday, mais je ne l'écoute plus dans l'atelier car je n'ai pas de connexion internet. Par contre, j'y écoute aussi des Ted talks téléchargés préalablement sur mon téléphone. Le contenu est extrêmement divers et, pour moi, la nature optimiste de ces présentations peut avoir le même effet que la musique euphorique.

En écoutant les Ted talks, j'ai collé deux morceaux tournés.
Un test avec un cône d'encens montre que le dragon saura cracher le feu.

Après quelques présentations sur la neuroscience
 (la communication, les rêves), le dragon attend la cuisson.

Ce n'est pas une liste exhaustive de ce que j'écoute dans l'atelier - ça serait trop long ! (Ah oui, j'ai oublié de dire que j'écoute aussi parfois des livres.) Je donne ces quelques exemples ici sur le blog parce que la musique ou les infos écoutées dans l'atelier sont importantes pour moi, et, je crois, pour beaucoup d'autres potiers.



*J'ai une faiblesse pour les défilés japonais. On en trouve non seulement dans Paprika mais aussi ici dans Pompoko ou ici dans Rêves. C'est la joie du défilé (même dans le défilé funéraire) qui me touche.








dimanche 1 mai 2016

Le Quotidien de Khnoum

Qu'est-ce que le temps passe vite ! Ca fait déjà un an que nous vivons l'aventure de la pépinière du Musée Régional de la Poterie. Il me reste donc un an dans ce lieu paisible, car la pépinière dure deux ans. Ensuite, un autre potier viendra me remplacer au Musée et nous nous installerons ailleurs.

Ailleurs... c'est difficile de choisir un lieu pour l'atelier. Je vais surement écrire un billet à ce sujet lorsque nous aurons un peu plus avancé dans nos recherches.

Au lieu de planifier les années à venir, ces derniers temps, j'étais prise par l'immédiat : la préparation des marchés, les cours, la refonte de mon site web... et j'ai même fait un peu de poterie !


Pour une fois, j'ai pensé à prendre une photo de mon stand, ci-dessus, au Salon d'Artisanat au Chateau Montgommery à Ducey.

Je n'ai pas fait de retouches à la photo, et pourtant on dirait qu'il y a un filtre "vintage", ce que je trouve tout à fait approprié. Dès qu'il y avait un rayon de soleil, la salle où nous étions baignait dans une très belle lumière.

La photo du stand ne rend pas justice au Chateau qui est, comme vous voyez, un bel édifice.

Notre prochain marché de potiers sera au prieuré de Saint Gabriel-Brécy le 7 et 8 mai. La liste des potiers sur le site de l'association qui organise l'événement donne un avant-goût de ce que vous y trouverez.



Avec ses bâtiments datant du Xe siècle, ce site a l'air d'être un très beau lieu. Si vous venez au marché, c'est également l'opportunité de faire une visite guidée et commentée du site (à 14h30 les samedi et dimanche, 1€).

Parfois au marché les gens me disent qu'ils vont consulter mon site, et il me semblait de plus en plus urgent que je le refasse. J'ai choisi de faire un site Prestashop, me permettant de faire un site marchand à l'aide des templates pré-créés et avec un système de gestion de stocks et de contenu. Bref, ça facilite la création et maintenance d'un site plus poussé que le petit site que j'avais avant. C'est fait, et vous pouvez le visitez à www.khnoum.com. Le site de base m'a pris deux jours de création et maintenant il faut que j'élargisse le catalogue de poteries.

Si j'ai eu le temps de faire le site, c'est parce que j'avais un peu de stock de coté. Assez même pour vendre non seulement sur les marchés, mais aussi en magasin. Une petite sélection de mes céramiques est disponible à La Maison d'en Haut à Avranches, et cette semaine j'ai déposé des tirelires, des assiettes poisson, et des tasses au Comptoir des Créateurs à Granville.


J'ai commencé à faire ces assiettes poisson pour l'expo Poisson d'Avril, mais l'idée me plait et je la poursuis. Petit à petit j'en fais avec d'autres émaux et d'autres terres. Les poissons dans la photo sont en grès de St. Amand, mais quelques uns en grès de Treigny (un grès roux) sont en train de sécher dans l'atelier. Je vais les émailler en blanc et voir si ca ressemble un peu plus à un vrai poisson plat.

Les tirelires se sont bien vendues ces derniers temps. Signe d'amélioration de la conjoncture économique ?!? En tout cas, je dois en refaire et je commence par les cochons et les poissons. De temps en temps, j'ai envie de faire autre chose. 

Résultat : un monstre naît.


Mais il est gentil, le monstre. Quand on en a besoin, il rend les sous qu'on lui a donné.



vendredi 18 mars 2016

Plats

J'attends anxieusement la fin d'une cuisson (de céramiques), en espérant d'avoir un bon résultat pour un projet dont l'échéance s'approche rapidement. En attendant, j'ai travaillé un peu sur le look de mon stand pour les marchés d'été, fabriqué des magnets, mis un nouveau objet sur Etsy, mis à jour les infos sur l'expo Poisson d'avril sur le site de Terres d'échange... maintenant que j'écris cette liste, je réalise que je n'ai pas complètement perdu mon temps, mais j'ai eu l'impression de me tourner les pouces toute la journée.

Tout à l'heure je me suis dit, "hmm, faire des cookies ? suivre la recette que j'ai trouvée pour la terre sigillée ? partager mes procrastinations sur le blog ?" Allez, pas difficile à choisir. Mais je reste dans le thème recettes !

Fut un temps, je parlais beaucoup plus de nos repas sur le blog. Vous pensez peut-être que depuis notre arrivée à Ger nous ne mangeons plus que les crumbles et les apple-pies évoqués dans certains billets. La réalité est tout autre ! Depuis notre arrivée ici, on va très peu au resto et A., depuis toujours un bon chef, s'est mis à explorer de nouveaux plats. Voici quelques exemples. La qualité des photos n'est pas toujours top, mais vous comprenez, on était sur le point de manger, c'était trop beau pour ne pas prendre la photo, mais il fallait le faire vite avec le téléphone !

Ochazuke & Oeuf poché de La peau d'ourse


A.I. nous a donné des paquets d'ochazuke qu'il a rapportés du japon. Il s'agit d'un petit paquet d'ingrédients lyophilisés (thé vert, sésame, poisson, par exemple) qu'on étalle sur le riz. Ensuite on y verse de l'eau chaude. Les gourmands (c'est moi !) peuvent y rajouter un œuf poché. Ma vie a changé depuis la lecture de ce billet de La peau d'ourse qui inclut des instructions pour des œufs pochés au micro-ondes. Trop facile ! De plus, le donburi aux aubergines dont on trouve également la recette est délicieux. Pas de photo ici, mais j'en fais régulièrement.

Ce qu'on a trouvé dans le frigo
A. est champion de la cuisine impromptu. "Tu aurais envie de manger quelque chose ?" je lui demande. (Ton innocent. Sous-texte : tu cuisines ?) "Un steak" il dit. (Ton innocent. Sous-texte : ok, je vais nous faire un truc délicieux avec tous ces légumes dans le frigo.)
Ici, par exemple, il nous a fait des légumes épicés avec un peu de feta et un croustillant de feuille de brique.

C'est dommage que je n'ai pas de photo d'un de ses currys. Souvent quand on n'a qu'un tas de légumes dans le frigo, il nous fait des currys avec un mélange de cumin, graines de fenouil, coriandre, garam masala, cardamome, fenugrec, poivre noir, piment,...

Quand A. cuisine, il prête systematiquement attention à la présentation. Ici, omelette aux légumes, maquereaux fumés, mayonnaise, mélange épinards/miso, le tout sur du riz bien caché sous les autres ingrédients.
Nous mangeons beaucoup de maquereaux fumés de la marque Balthor. Parfois on va exprès à la supérette de Ger pour en acheter, car c'est le seul magasin du coin qui en vend. La dame à la caisse doit se dire "Encore ce couple ! 6 boites de maquereaux et 6 bonbons, comme d'hab. Pourtant ils n'ont pas l'aire d'avoir des carences alimentaires..."

Non, mais je vous dis, notre alimentation est encore plus variée depuis notre arrivée ici. J'ai découvert notamment le radis noir, légume que je n'ai jamais mangé auparavant. Ici il est montré en toute simplicité sur du riz avec un peu de je-ne-sais-plus-quoi comme sauce et des graines de sésame noir.

Ah oui, le radis noir est blanc, en fait, une fois qu'on enlève la peau noire. Niveau gout, c'est pas très différent d'un radis rouge. On peut le faire tremper dans du vinaigre pour en faire un pickle qui fait un contrepoint délicieux aux mets un peu gras.

Notre fidèle gaufrier
Il y a peut-être 10 ans, la sœur de A. nous a offert un gaufrier. Cette machine a aujourd'hui tendance à surchauffer après quelques gaufres, mais tant que quelqu'un le branche/débranche au bon moment, elle continue à faire des gaufres superbes (et d'excellents croque-monsieurs.)

Est ce qu'on se contente de manger des gaufres classiques ? Non. Même si nous reconnaissons les mérites des gaufres classiques (surtout en présence de beurre ou de sirop d'érable), ce n'est pas une raison de ne pas explorer d'autres pistes avec son gaufrier.

On peut, par exemple, faire cuire des mochis dans le gaufrier (plus d'explications ici). A condition d'avoir des mochis, bien sûr, mais c'est encore l'un de ces produits que parfois A.I. nous ramène gentiment de Paris ou du Japon.

Cette fois, A. a suggéré de faire des okonomiyakis dans le gaufrier. La photo à droite montre la moitié d'un okonomiyaki normal (l'autre moitié étant sur une autre assiette.) C'est une galette composée d'une pâte liquide (comme pour les crêpes), chou haché, d'autres ingrédients (viande, fruits de mer) si on veut, le tout couvert de sauce et de katsuobushi.

Au lieu de faire une galette, il a donc versé la pâte dans le gaufrier et ça a super bien marché :
















Très content de ses bons résultats, il a décidé de faire des falafels dans le gaufrier. Le falafel est un mélange de pois-chiches et épices. Normalement ce mélange est frit, mais là, A. a simplement mis la pate dans le gaufrier, et presto:


Le gout était semblable à un falafel "normal." Hourah - falafels sans friture !

Le falafel classique se mange dans un pita avec d'autres ingrédients qui varient selon l'origine du cuistot (libanais, isralien, autre.) N'ayant pas de pain pita, nous avons utilisé des tortillas (version maïs) et en plus du falafel, il y avait des morceaux d'aubergine, des cornichons, de la feta, et une sauce (tahiné, lait de coco, mayonnaise.)

Fromages... anglais !
Nous voisins anglais nous ont invités à goûter à plus d'une vingtaine de fromages anglais.

Ce n'est pas une blague!

En tant qu'américain, j'ai appris dans mon pays et ensuite en France que la France est LE pays du fromage. Ce stéréotype étant fermement ancré dans mon esprit, je n'ai pas beaucoup réfléchi à l'état du fromage dans d'autres pays. Notre voisine nous a dit qu'une fois qu'elle a pris la décision de nous faire découvrir les fromages anglais, elle a fait une liste de plus de 100 fromages ! Elle a du se limiter à une vingtaine dans un premier temps, tout en nous promettant de faire une autre soirée fromage à une autre date. Incroyable.


Nous avons mangé les fromages sur du pain mais aussi sur des crackers, ce qui m'a rappelé les Etats Unis où on fait la même chose. J'aime le pain mais j'adore aussi grignoter du fromage sur des crackers. Yum.

Suite et faim
Voilà. Avant de lire ce billet vous vous demandiez si on fait autre chose que de la céramique. Maintenant vous vous demandez si on ne fait que manger. Mais c'est une activité qu'on exerce plusieurs fois par jour, alors autant y prendre plaisir. En plus, c'est une activité qui nécessite... des céramiques ! Quelle harmonie parfaite.

dimanche 28 février 2016

Défournement

Je me dis que le printemps est là parce que mes élèves commencent à discuter de ce qu'ils vont semer dans leurs potagers et parce que le chat demande à nouveau à sortir.

Qui dit printemps dit marchés de poterie, et je dois me préparer pour mon premier marché de la saison qui aura lieu à Honfleur le 28 & 29 mars. Mais avant de tourner de nouvelles séries pour les marchés, je voulais finir quelques expériences dont les résultats sont sorties du four ce weekend.

Bols sur ballon

Dans le cours que je donne le lundi soir au musée, nous avons créé des bols en grès ou en porcelaine en utilisant un ballon comme support.

Pour les bols en porcelaine, on trempe des morceaux de papier dans un engobe de porcelaine. Ensuite, on les étale sur le ballon. Enfin, après une première période de séchage, on remet une couche d'engobe à l'aide d'un pinceau. Le mieux c'est de rajouter plusieurs couches de porcelaine au pinceau jusqu'à ce qu'on aie un bol qui tiendra à la cuisson, sachant que le support papier brûlera.


Avant les cuissons du cours, je voulais tester si ce genre de bol se déformerait moins en mono-cuisson et si ils seraient translucides une fois émaillés.

Dans ces photos, le bol de gauche a été cuit en mono-cuisson, tandis que celui de droite à été biscuité avant la cuisson émail. Celui de gauche s'est déformé beaucoup moins. On fera donc une mono-cuisson pour les bols du cour, émaillés ou pas, selon le choix des créateurs.

Pour ma part, je suis contente du résultat de l'émaillage : translucide !

Chatôphore

En janvier, j'ai travaillé sur un nouveau chatôphore (voir ce billet), et je l'ai enfin émaillé. Certains éléments du chatôphore sont réussis, d'autres moins. 


Il est pas mal quand les bougies (ici des LEDs) sont allumées, et je suis contente du rendu de l'émail blanc sur le grès de Treigny. Par contre, ci-dessous vous pouvez voir qu'il y a des fissures qui se sont ouvertes à la cuisson. Ca ne m'étonne pas tant que ça, parce que j'ai laissé mes formes de base (trois cylindres tournés) trop sécher avant de faire l'assemblage et la décoration.


Tout ça pour dire que je vais faire un nouveau chatôphore avec la même terre et le même émail. Il sera du même esprit que celui ci, mais mieux construit (j'espère.) Pour l'instant, personne ne m'embauchera comme architecte !

Poissons, engobe au cobalt

Toujours inspirée par l'expo Poissons d'Avril, je m'amuse à faire des assiettes en forme de poisson. Les premières assiettes balançaient un peu sur la table, donc je me suis dit qu'il y avait besoin de pieds. Si vous regardez bien la photo vous verrez alors l'une des quatre pattes de ce poisson. (A. de l'association Terres d'Echange me disait "c'est un poisson Darwinien ?" - ha !)


Sur certaines pièces, je me suis mise à utiliser un engobe bleu composé de grès de St. Amand et de cobalt. Je trouve le rendu pas mal sur ce poisson et je vais surement en refaire. L'engobe est également pratique pour les gens qui viennent faire un seul cours pour découvrir la poterie, car ça leur permet de rajouter un peu de couleur sur la terre crue. Ensuite, je mets une couverte transparente et je cuis leurs pièces.

Nouveaux émaux

J'ai testé deux nouvelles recettes, et le blanc ici à gauche me convient bien.

Quand le blanc recouvre le tenmoku (deuxième tuile en partant de la gauche dans la deuxième image) ça donne des taches de léopard.  





Ensuite, j'ai testé le rajout de différents éléments dans l'autre base blanche, celui qui est à droite dans l'image du haut. De gauche à droite ici on voit:
- la base sans rajout
- la base avec +5% de rutile qui donne un blanc bleuâtre, nacré.
- la base avec +3% de rutile et +3% de carbonate de cuivre qui donne un vert qui devient bleu en épaisseur
- la base avec +3% d'oxyde de cobalt qui donne un bleu un peu trop foncé à mon gout. Je vais retenter l'expérience avec moins de cobalt.

 
Et, dernier essai, j'ai testé une nouvelle recette pour un rouge de fer en oxydation. Qui me plait beaucoup. La photo ne le rend pas justice, mais c'est presque aussi beau que le rouge de fer que A.I. m'avait rapporté du Japon.


En somme, je suis très contente de cette cuisson. J'ai hâte de voir ces nouvelles couleurs sur des pièces à ma prochaine cuisson émail !

dimanche 7 février 2016

Poulpe Fiction

Je m'étais donnée le mois de janvier (et c'est déjà février !) pour la création de deux pièces non-fonctionnelles : le châtophore dont je parlais dans le dernier billet, et une création pour l'expo Poissons d'Avril qui aura lieu au Musée à partir du premier avril.



Pour cette expo, j'ai décidé de faire un poulpe. Ce n'est pas un poisson, on est d'accord... mais le choix de créations pour l'expo reste un peu libre étant donné qu'il s'agit de poissons d'avril !

Le poulpe est composé de 18 formes tournées : 2 pour la tête et 2 pour chaque tentacule. J'ai pris une petite vidéo juste après l'assemblage initial. On y voit bien les morceaux distincts.


Les tentacules sont un peu courts... mais au même temps, 
il ne fallait pas dépasser les 40 centimètres de largeur du four ! 

Ici l'assemblage est fini, mis à part le rajout des ventouses.


Le voilà avec les ventouses.


Ce que je trouve sympa dans ce genre de projet, c'est la découverte de l'animal. Je me suis rendue compte que je ne savais pas ce à quoi ressemble les yeux de poulpe : l'iris est rectangulaire. Apparemment, les céphalopodes ont une très bonne vue, surtout étant donné les conditions peu lumineuses de leur environnement. Par contre, il ne voient pas les couleurs.

Imaginez que les humains ne voient qu'en noir et blanc aussi ; alors, je laisserai le poulpe sans émaillage, car je redoute un peu cette étape. En tout cas, avec le temps de séchage et de cuisson, il me reste du temps pour réfléchir sur le choix de couleur(s).

Si vous souhaitez voir le poulpe en couleur, venez voir l'expo avec ses poissons, son poulpe et ses autres êtres aquatiques !



jeudi 21 janvier 2016

Retour dans l'atelier de poterie

On dit que janvier est la période tranquille parce qu'il n'y a pas trop d’événements autour de la poterie (du moins, à la campagne.) Mais ce n'est pas vrai de tout ! Dès notre retour du marché de Noël de Cherbourg, il fallait rattraper les activités administratives que j'ai un peu négligées pendant tout le mois de décembre. Et surtout, janvier c'est le mois où on doit préparer toutes les inscriptions aux événements auxquels on veut participer au cours de l'année. Aussi, avec la reprise des cours avec les enfants, j'ai décidé de passer un peu de temps sur la fabrication des exemples, afin que les enfants puissent plus facilement suivre mes conseils et se faire une meilleur idée de l'objectif de chaque séance. Bref, tout ça m'a pris du temps.

Cette semaine j'ai enfin pu passer plus de temps dans l'atelier, et comme il me reste un peu de stock après le marché de noël (eh oui...), je me sens libre de créer un nouveau châtophore.

La base de ce châto est faite à partir de 3 cylindres couchés, et 
2 tubes debout. Après leur assemblage, j'ai commencé à faire 
la découpe des fenêtreset j'ai testé la capacité d'y insérer
 une petite lampe led.


Sur le cylindre central, j'ai rajouté une tour au colombin. 
J'ai ensuite fait d'autres découpes et j'ai rajouté des arc-boutants.


Au fait, j'ai commencé à imaginer la structure du châtophore en décembre quand je me suis arrêtée pour admirer les arc-boutants de l'église à Cherbourg (ci-dessous.) De plus, je venais de terminer la lecture de Les Piliers de la terre, un roman qui tourne autour de la construction d'une église gothique. Tout ça m'a donné envie d'intégrer certains éléments de cette architecture dans le prochain châtophore.


D'accord, structurellement, mon châtophore n'a nullement besoin
des arc-boutants. Et même si l'idée d'un cylindre central avec deux 
cylindres adjacents vient aussi des églises, il est loin d'être 
une églisophore,  J'ai voulu poursuivre l'idée de boiseries que j'ai un peu 
travaillé dans le dernier châtophore, et je trouve que ça change tout
le caractère de l'objet. 


C'est pas encore fini, mais je le teste de temps en temps avec ma bougie
 électrique et ma petite lampe led. Je dois faire attention à leur laisser assez
de place,en prenant en compte le rétrécissement de la terre à la cuisson.


Il me reste encore beaucoup de détails à peaufiner, partout où il n'y a pas
de "boiseries." Et ensuite, le défi de l'émaillage. En somme, au lieu 
de glander devant l'ordinateur, je devrais retourner au châto !

Mais avant ça, pour compléter votre vision de la vie à 
l'Atelier Khnoum, je vous laisse avec quelques photos de...

...LA NEIGE !!!


Il reste encore un peu de neige par terre, et dans la belle lumière 
du matin on a l'impression de vivre dans un royaume enchanté.


Sinon, c'est vrai qu'il fait froid,
sauf sur la couette, dans un rayon de soleil : 

Certaines savent comment passer l'hiver.