vendredi 7 août 2015

Grès de La Haute Chapelle - Un Voyage Dans Le Temps

Les visiteurs du musée me demandent souvent si je travaille l'argile du coin. J'explique alors que les carrières d'antan ne sont plus exploitées et que je travaille avec des terres achetées chez un fournisseur et non pas avec l'argile que j'aurais cherchée moi même dans la nature. Les carrières près de Ger ne sont plus exploitées de façon commerciale depuis le début du 20e siècle et aujourd'hui elles se trouvent sur des propriétés privées et/ou protégées. Il est donc interdit d'y aller récupérer de l'argile soi-même.

Mais il y a un mois, grâce à G., nous avons eu l'opportunité d'aller à La Haute Chapelle, près de Domfront, visiter une ancienne carrière de grès qui, laissée à l'abandon, s'est remplie d'eau.

Un panneau explique l'écologie du lieu (zoomer pour lire)...


... et explique qu'auparavant le grès de La Haute Chapelle était transporté 
jusqu'à Ger pour la fabrication des pots.


Sans ces informations, un visiteur ne pourrait pas savoir qu'il s'agit d'une carrière.

Aujourd'hui, c'est une belle mare...


... qui accueille des espèces rares et des belles grenouilles.


Nous sommes partis à la carrière avec un groupe de scientifiques qui voulaient prendre des échantillons. Sur place, on a été accueilli par un naturaliste du Conservatoire d'espaces naturels de Basse-Normandie qui nous a montré la plante protégée sur laquelle il ne fallait pas marcher. 

Voici notre groupe dans ce lieu idyllique !


Pour obtenir des échantillons du grès, nous avons fait des carottages avec des tarières.

Voici la tête de cet outil :


On tourne la tarière pour l'enfoncer dans la terre comme une vis...


...et ensuite on retire l'outil...


...d'où on tire la carotte de terre.


Au bord de la mare, il y avait deux couches d'argile, une couche jaune et une couche grise. 

A Ger, l'argile grise, grésante, était utilisée pour des pots utilitaires. 


L'argile jaune était utilisée pour les tuiles ou d'autres choses qui n'avaient pas besoin d'être étanches.


L'argile nous semblait être de bonne qualité : facile à modeler entre les doigts et relativement homogène.
Nous avons ensuite pris un échantillon à quelque distance de la mare, mais là, l'argile était jaune et moins homogène. Nous avons fini par prendre un dernier échantillon au bord d'une autre mare.


Là encore nous avons trouvé de cette belle argile grise.


J’ai pu rentrer à l’atelier avec un seau de carottages. Ensuite, un mois a passé pendant lequel j’étais occupée avec la production, des visites, des élèves, et des marchés ; je n’ai pas trouvé le temps d'expérimenter avec l’argile locale (ni d'écrire sur le blog.) Mais la semaine dernière j’ai enfin pioché dans le seau.

Entre temps, les carottes ont changé de couleur, peut-être à cause de l'oxydation,
 car toute la couche extérieur était jaune-brun.


Mais à l'intérieur il y avait encore du gris.
(Et une plante a commencé à y pousser !)


J'ai malaxé environs 800g de cette argile. Il a fallut enlever quelques cailloux et un peu de matière végétale, mais finalement l'argile était à peu près propre et d'une très bonne consistance.


Ensuite, je me suis mise au tour avec environs 400 grammes, et j'ai pu en faire un mug.


Le tournage avec cette argile est très agréable ! Elle est un peu sableuse, ce qui me rappelle la terre Shigaraki que A.I. m'avait rapporté du Japon. Au tournassage j'ai rencontré un cailloux qui m'avait échappé lors du malaxage, mais ça m'a plutôt fait plaisir. Est-ce qu'il en reste d'autres que je n'ai pas senti ? Que se passe-t-il à la cuisson s'il reste un petit cailloux dans la paroi ? 

Et plus généralement, est-ce que le mug va bien supporter la cuisson ? On peut s'imaginer que oui, étant donné que des générations de potiers allaient chercher leur argile à cette carrière ! Je vous tiendrai au courant sur le blog ;)


1 commentaire:

  1. Merci pour votre expérience exprimée et qui éveille notre curiosité et notre intérêt pour cette terre de nos ancêtres.

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