lundi 29 avril 2013

Perséphone de retour de Hadès

Paris se fait avaler par des arbres !


Quand on habite Paris, il est facile de s'en lasser. Mais au printemps, avec l'explosion de feuilles et de fleurs, la ville est belle.

En cette saison, deux rayons de soleil viennent balayer l'atelier de 11-13h... et comme c'est agréable. Sur la table, je peux laisser des bols fraîchement tournassés sécher au soleil :


J'avais des tonnes et de tonnes (ok, disons 15 à 20 kilos) de terre recyclée. J'ai toujours l'impression qu'avec la terre recyclée je peux faire ce que je veux - résultat : des formes que je ne fais pas d'habitude, des déformations, des stries...


En ce moment je m'amuse à faire des bols très ouverts et très plats. On dirait presque des assiettes, sauf que le pied reste d'un diamètre d'environ 6 cm (sur la girelle) tandis ce que le bord est de 23. Le challenge est de faire une forme aussi plate que possible mais de s'arrêter avant que le bord s'affaisse. J'y arrive petite à petit.


Ce qui me fait marrer c'est qu'en voyant ces bols, A. déclare, "Hey, ce sont presque des bols à ramen !" Peut importe la forme ou la taille, pour lui, tout bol est "...presque un bol a ramen." Et, ultime compliment, parfois en voyant un bol il me dit carrément, "Un bol à ramen !"

Vers 12h30, un des rayons de soleil sort de l'atelier pour envahir la cour. A ce moment là, je me sens parfois obligée de sortir aussi. L'année dernière j'ai attendu longtemps pour que mes graines germent. Cette année, 6 jours après les avoir semées, il y avait déjà des bébé radis et des mini-roquettes dans ma baignoire mon jardin !


Des pétales de cerisier sont arrivées de je ne sais pas où 
(oui, les trucs roses dans la photo sont des pétales) 
et près de chez moi, dans la Cité des fleurs,
il y a des tulipes - d'ou le nom peut-être.


Et elles sont belles !

samedi 13 avril 2013

Festival ! Etres étranges et textures touchables

Le Festival de Céramique Paris 11e est ouvert aujourd'hui et demain (le 14 avril). C'est parmi les meilleures expositions de céramiques à Paris et on y trouve beaucoup de styles différents. Il y a des objets utilitaires, des sculptures, des bijoux, et des objets mystérieux dont je ne comprends pas le sens (ça doit être de l'art). Ah oui, il y a aussi une tombola qui, pour une contribution de 2 euros, vous permet potentiellement de gagner une pièce de votre choix, chaque artiste ayant contribué un objet. On y trouve également des films sur la céramique.

J'y suis allée vendredi soir pour le vernissage. Le groupe Gasandji jouait sur scène dans une des salles et j'étais contente de me balader entre les objets, un verre de vin à la main, bercée par la musique. Il y avait beaucoup de monde. Ça me faisait plaisir de voir autant de gens autour des poteries.

Il y avait beaucoup d'objets intéressants - trop pour tous les noter ici. Parmi les 32 exposants, voici les artistes qui m'ont le plus marquée :

Hélène Rousseau Sellier-Duplessis
Elle présente des figures qui sortent directement d'un conte de fées. Normalement je ne suis pas très sensible aux sculptures, mais cette fois-ci j'ai été ensorcelée par la magie des figures.

La réalité - ou les photos sur son site - sont bien meilleurs !

Luang Rath Thierry
Il présente une série de bols dont l'extérieur est couvert de motifs et dont l'intérieur est émaillé. Son travail me donne envie de manger une énorme salade dans un de ses bols retourner dans mon atelier, de faire des essais.


Cette année, ce ne sera pas dans ce bol que je mangerai, car arrivée au stand de Luang Rath Thierry, mon  cœur et ma salade s'étaient déjà promis à un bol de la Poterie de la Genevraye....

Poterie de la Genevraye
J'admire leur travail à chaque fois que je vois leurs pièces, et cette année j'ai enfin acheté un bol. Je me suis toujours demandé comment ils réalisent les scènes de fond de mer sur leurs objets, et Catherine Salmon m'a expliqué qu'il s'agit de plusieurs couches d'émaux, dont certaines sont recouvertes de cire avant l'application des autres. La décoration doit demander énormément de patience, sans même parler des recherches d'émaux.

Franchement, il est trop cool ce bol, vous trouvez pas ?

lundi 1 avril 2013

Clic-clac, le four chauffe !

De l'atelier j'entends le clic-clac qui me dit que mon four électrique est en train de chauffer. Le four est vide car ce n'est qu'un test afin de m'assurer qu'il remarche. J'ai fait deux cuissons douteuses avant d’admettre qu'il y avait un problème avec mon four, et une petite investigation a révélé que la résistance centrale était cassée. Je ne m'attendais pas à ce que les résistances se cassent tous les deux ans, mais je viens de lire que les résistances s'usent après une cinquantaine de cuissons quand on cuit à haute température (1260°).

En sortant la résistance, elle s'est cassée en plusieurs morceaux

Au moins cette fois je savais comment gérer le problème. Si jamais vous êtes confronté au même, vous trouverez des instructions pour la réparation dans ce billet que j'ai écrit il y a deux ans, la première fois que j'avais eu un problème avec les résistances.

Le four s'est cassé précisément au moment où je me préparais pour des marchés. Mais vu le stock que j'ai accumulé depuis Noël, ce n'est pas un problème très grave. Les questions qui m'ont occupé le plus étaient :
  • Quoi mettre sur facebook? Je ne maîtrise pas ce canal de communication et décidément je préfère le blog. Serait-il hypocrite de vous inviter à m'y suivre ?
  • Comment transporter les poteries ? Une rapide investigation a montré que les autolibs sont relativement chers à la location. Ce weekend pour le premier marché j'ai transporté ma marchandise en sac à dos, et pour le weekend à venir, on ferra pareil, mais avec A. cette fois si.
Maintenant que le four remarche (espérons), il y a quand même des trucs que j'aimerais bien passer au four avant les Journées Européennes des Métiers d'Art au Huitcenmilleun. Notamment, des objets faits avec le mélange de grès de St. Amand et de grès roux chamotté qui sort de mon bac à recyclage en ce moment. J'ai décidé de faire des objets à la plaque, et ensuite de faire des sous-verres; du coup, j'ai du faire les tasses pour aller avec. Comme en ce moment je m'amuse à tamponner les objets faits à la plaque, à la fin j'étais obligée de tamponner les tasses aussi.


L'extérieur est assez sympathique mais l'intérieur est devenu un peu vallonné - à voir après la cuisson et l'émaillage si la déformation est gênante.

Entre réparation de four et marchés, je n'ai pas eu le temps de tourner quoi que ce soit ces derniers jours. Mais j'ai pas mal de terre recyclée qui est à la bonne consistance et j'ai hâte de m'y mettre. Et en plus, j'ai des commandes. Je dois tourner le corps d'une harpe pour A. et des pots à fleurs pour Lydie Décline.  - Petite parenthèse : allez voir ses bijoux. Le collier qu'elle m'a fait est très élégant !

Un peu art déco, n'est-ce pas ?

Concernant la harpe : de temps à autre A. me demande de faire une pièce qui n'a rien à voir avec ma trajectoire. C'est bien parce que ça me sort de mon monde de mugs et de bols à riz (oui, j'ai tendance à tourner en rond, toujours autour des objets utilitaires...) Cette fois si A m'a demandé de faire un bol... un bol qui sera le corps d'une harpe. Pour moi, le problème c'est qu'il souhaite avoir un grand bord rond, un peu comme un colombin collé en plus sur le bord du bol. J'ai du mal à tourner un bol avec ce bord rond sans qu'il soit trop petit ou qu'il s’évase trop. On en est resté à un petit prototype pour l'instant.

Voilà un petit aperçu de ce qu'il se passe dans l'atelier Khnoum. Mais pour en savoir plus sur les poteries, venez me retrouver à Montreuil au Huitcenmilleun ce weekend (34 rue Gaston Lauriau, facilement accessible par la ligne 9) . C'est l'occasion de voir le travail d'autres artistes, de profiter d'un concert et de boire un verre. On se voit là-bas ?

samedi 9 mars 2013

Il s'en passe des choses à Paris !

Quel plaisir d'avoir pu pique-niquer (on est passé dans un super traiteur italien) dans un parc et prendre un bain de soleil avec A. Je résiste à la tentation de semer des graines dans la baignoire qui me sert de "jardin". Je sais que de la neige est prévue pour la semaine prochaine.

Cela dit, c'est bientôt le printemps pour de vrai, et pour fêter ça je participe le 30 et 31 mars au Printemps des créateurs à Paris.


D'ici là, j'ai assez de pièces dans l'atelier (les miennes et celles des élèves) pour faire deux ou trois cuissons de pièces émaillées. Youpi ! C'est toujours Noël quand on ouvre le four après une cuisson, même au printemps !

Cookie jar & vase mural récemment sortis du four

Si vous êtes à Paris, j'espère que vous aurez non seulement le temps de venir me saluer au Printemps des créateurs, mais aussi de voir deux expos, le Festival de Céramique et l'expo VanGogh/Hiroshige.

Le Festival de Céramique a lieu tous les ans dans le 11e (cette année, du 12-14 avril) et c'est l'occasion de voir une grande variété de styles et de techniques. On trouve de la porcelaine, du grès chamotté, des pièces rustiques cuites au four à bois, des pièces très lisses couvertes de formes cristallines qui n'apparaissent qu'à des températures précises.... Cette année, si j'en ai les moyens, je vais m'offrir un objet de la Poterie de la Genevraye.

Les expos Van Gogh et Hiroshige valent le déplacement aussi. Ce sont deux expos liées, ouvertes jusqu'au 17 mars à la Pinacothèque - il faut se dépêcher !
Apparemment, Van Gogh a été un admirateur de Hiroshige et le musée cherche à exposer des liens directs entre les tableaux de Van Gogh et certaines estampes japonaises. Avec M. qui m'a accompagné, on avait du mal à imaginer Van Gogh en train de "copier" des Hiroshigé, car les tableaux de Van Gogh sont très particulier, rien à voir avec les Hiroshige. Cela dit, pour moi, il était intéressant de voir les estampes juxtaposés avec les tableaux et de lire des extraits de courriers écrits par Van Gogh dans lesquels il parlait des estampes et du japon. Ma citation préférée c'était, "Alors, pourquoi ne pas partir dans un pays qui sera notre Japon, dans le Midi ?" Ha ha ! Partons sur le champ manger des okonomiyakis à Arles !
Peu importe le rapport avec le Japon, ce qui m'a le plus plu c'était le fait de regarder des tableaux de Van Gogh. Quelle lumière !! C'est très rare qu'un peintre me donne l'impression de participer à un moment, mais c'est le cas avec Van Gogh. Pour certains œuvres d'art (parfois même en poterie), la photo me suffit, mais pour Van Gogh ce n'est pas le cas; l'effet est beaucoup plus fort face aux tableaux. Ce qui ne m’empêche pas de vous mettre une photo quand même :)

Il se permet de faire des troncs d'arbres avec des couleurs 
qui n'ont rien à voir avec la réalité - et ça marche !

L'expo Hiroshige est très différente. Après la folie de Van Gogh, on a l'impression de voir des photos, des cartes postales. Normal : à l'époque les estampes servait de cartes postales et d'illustrations dans des guides de voyage. Mais quand on les regarde pour de vrai, ça n'a rien à voir avec de simples clichés.

Les couleurs dépassent la réalité

Le mont Fuji dépasse le cadre. Ciel en dégradé. Neige. Grues.


J'ai trouvé ces images grâce à ce site. Si vous n'avez pas le temps d'aller voir l'expo, je vous encourage à visiter le site, qui présente les estampes créées pour illustrer la route Tokaido. On y trouve même la carte avec  les étapes de la route et leurs estampes correspondantes. Toutes les estampes de l'expo à la Pinacothèque sont également richement annotées, nous permettant de voyager dans le temps et l'espace.

...

Quoi !
Vous êtes toujours là en train de lire ?
Allez ouste, au musée !

dimanche 24 février 2013

Le chemin des déformations

Afin d'éviter les problèmes de plomberie, j'ai mis un grand sceau dans l'évier pour éviter que la terre parte dans les tuyaux. Les particules de terre se précipitent sur le fond du sceau, je déverse l'eau restant, puis je laisse sécher la terre. Je récupère également la terre rejetée lors de la création des pièces (pièces ratées, morceaux découpés, etc.)

En ce moment j'ai beaucoup de terre recyclée à utiliser. Elle est plus ou moins de la bonne consistance, car il m'arrive de la laisser sécher trop longtemps. Avant de tourner cette terre, il faut la malaxer dans l'espoir d'avoir une consistance homogène et d'éliminer les bulles d'air. Une partie de l'air part lors du malaxage et lors du centrage, mais souvent je rencontre encore des bulles en montant la paroi. Avec un peu de chance, j'entends une mini-explosion : la bulle éclate ! Mais parfois je ne découvre les bulles qu'après la cuisson, en voyant la paroi déformée.

Avec trois blocs d'environ 2 kilos de terre recyclée, j'ai décidé de m’entraîner à tourner de grandes formes :

  1. Un vase qui me plait (en arrière plan sur la photo), déformé un peu à la main après tournage pour lui donner une forme plus intéressante..
  2. Un vase plein de bulles. Tellement de bulles que je me suis dit, ok, je fais monter cette paroi jusqu'à ce qu'elle s'écroule. Elle était très haute, très élégante, très... et puis... on voit le résultat dans le bac à terre sur le tour...
  3. Un vase vraiment horrible (en premier plan). Je l'ai déformé à la main afin de voir si je ne pouvais pas le rendre plus beau, mais non : lui aussi a fini dans le bac, destiné à un deuxième recyclage.

Ensuite, il me restait encore un vieux bloc de terre très très dur. Je me suis mis à tourner des toute petites pièces, comme le bol ci-dessous. J'ai taillé la base du bol avant de tournasser le pied :


 Cette technique me plait de plus en plus. Voici un bol similaire, déjà émaillé :


Et un autre exemple, une petite tasse, également émaillée :


Dans la poursuite de nouvelles textures qui peuvent rendre les formes plus intéressantes, j'ai aussi rajouté un nouveau tampon à ma petite collection. Voici les premières pièces recouvertes de son empreinte :


Je ne suis pas de nature à vouloir texturiser mes pièces, mais je me rends compte qu'une pièce mondaine l'est moins une fois habillé d'un relief. Par ailleurs, sur les objets tournés, des déformations complémentaires peuvent humaniser les formes trop rondes. Je n'ai pas envie d'adopter une seule texture et d'en faire ma signature, mais j'ai bien envie de voir où le chemin de déformations peut m'amener.

dimanche 17 février 2013

Cuissons en cours !

La semaine dernière j'ai fait deux cuissons. La première était réservée aux pièces recouvertes d'Oribe, un des émaux que A.I. m'a ramené du Japon (plus d'infos dans ce billet). Afin d'éviter la formation des bulles dans cet émail, j'ai fait monter la température du four à seulement 1220°C. Voici quelques objets issus de cette cuisson !

Une chawan, fait par A.I. en grès roux chamotté et recouvert d'Oribe. Wow. 


Le bol de S.E., joliment tourné en grès de St. Amand. Le verre pilé au fond s'est mélangé de façon extraordinaire avec l'Oribe.


Et une sélection de mes pièces qui méritaient d'être couvertes de cet émail exotique dont il ne me reste q'une petite quantité.


La deuxième cuisson de la semaine était une cuisson "normale", c'est à dire, sans Oribe. Récemment j'avais décidé de baisser la température de ma cuisson "normale" aussi. Auparavant, la température maximum était 1260°, mais maintenant je ne la fais monter qu'à 1250°, et pour l'instant je suis satisfaite des résultats.

Je trouve les œuvres des élèves particulièrement réussis !


Il me reste encore des objets à émailler, mais aussi toute une collection de paquets de terre entamés. Du coup ce weekend, au lieu d'émailler, je me suis attaquée à ce qu'il me reste de la terre "africain stone" dont la chamotte est tellement grande que je ne l'utilise que pour le modelage.

Au début, il y avait des stries uniquement parce que je travaillais au colombin et je voulais poser plusieurs "serpents" avant de lisser la surface. Mais je trouvais la texture plutôt sympathique, et finalement je ai seulement lissé la parois à l'intérieur.


Dupuis le début mon intention était de faire un vase à trois cous.


Le papier sert à soutenir la base. Une fois séché, j'espère que l'objet sera stable, étanche, et pas trop moche. A. m'a dit "cuit le," alors pour l'instant, je le garde :)


dimanche 3 février 2013

Grès roux chamotté

J'ai fait ma dernière commande chez Solargil en septembre et il ne me reste que quatre ou cinq pains de grès de Saint Amande. Par contre, il me reste pas mal de grès roux chamotté, alors j'ai décidé d'en faire des boites et des bougeoirs. J'aime beaucoup cette terre mais j'hésite à l'utiliser pour le tournage des tasses/mugs/bols : elle est rugueuse et peu étanche, même après avoir été émaillée.

La terre est encore très rouge dans les photos car les pièces ne sont pas encore passées au four - à la cuisson elle devient marron clair.


Le bougeoir ci-dessus est composé de deux pièces tournées : un petit bougeoir et une simple plaque à spiral. L'objet s'accroche au mur, et l'idée c'est que la plaque protège le mur de la flamme. Le hic c'est que mes bougies sont un peu trop grandes (euh, ou bien, la plaque est trop petite). Je ferrai une version plus grande la prochaine fois.

J'ai également tourné plusieurs minis bougeoirs, qui ont fini attachés à une autre plaque. Aucune idée si la pièce sera sympa ou kitch une fois émaillée et accrochée au mur.


En tout cas, le concept me plait bien et c'est agréable de faire quelque chose de nouveau !