jeudi 20 août 2015

Potager (et autres aventures) d'une potière

Si vous avez lu le dernier billet du blog, vous savez que j'ai eu l'opportunité de faire un peu de tournage avec la même terre qu'utilisaient les potiers de Ger. Le premier mug tourné avec cette argile est sorti de la première cuisson à 980° et, comme promis, voici une photo du résultat :



Maintenant il faut que je me décide au niveau de l'émaillage à mettre sur ce mug (dure décision !) Je mettrai une photo du mug émaillé sur le blog, mais le mug n'ira surement pas tout de suite à la deuxième cuisson car les fours du musée tournent à fond en ce moment afin de produire les assiettes pour la Fête des potiers. J'explique : Lors de la soirée du feu le samedi 29, à partir de 19h du soir, on peut assister au cuissons de poterie dans des fours éphémères. Ceux qui réservent leur place en avance (au 02 33 79 35 36) peuvent aussi dîner sur place (pour 9 euros) et partir avec l'assiette en céramique. Le repas est composée de viande, frites, morceau de fromage et grillé aux pommes (miam miam.)

En attendant la Fête des potiers (soirée du feu samedi & marché de potiers le dimanche), on a quelques semaines de calme. Je passe mon temps à donner des cours, à faire des démonstrations de tournage pour les visiteurs au musée, à tourner des pots... et, avec le beau temps, on profite aussi des jolis alentours !

Avec une copine, on est allées au Mont St. Michel. Excursion touristique par excellence, mais franchement, c'était trop bien ! Nous avons commencé par le tour du Mont : on s'enfonce dans le sable argileux et la balade se transforme en massage des pieds.


Nous n'étions pas seuls à apprécier cette expérience :


Ensuite, nous sommes rentrées par l'arrière de la forteresse et, en passant par les remparts, on a complètement évité la ruelle touristique par laquelle je suis toujours rentrée par le passé.

Encore plus près de Ger, on s'est baladé à la Fosse Arthour. Il faisait chaud. Les mûres mûrissent.


Quand il fait un peu moins beau, je m'amuse à reprendre la pâtisserie, car nos adorables voisins, ayant appris que notre four (de cuisine, pas de poterie !) ne marche pas, nous ont prêté un four halogène. J'ai pu enfin refaire des cookies et des petits pies (tartes à l'américaine.)


Par ailleurs, l’alternance entre beau temps et pluie a fait des miracles dans mon petit potager. J'étais contente de voir mes courgettes jaunes pousser...


...surtout que, à Paris je n'ai jamais réussi à faire pousser des courges ; à chaque fois mes courgettes étaient investies par un parasite.

Mais ici, après la dernière pluie, j'ai pu en cueillir deux - hourra ! Hier soir nous avons mangé ces courgettes, simplement sautées avec un peu d'oignon rouge, curcuma, et sel, et étalées sur du couscous.


Je me sens un peu ridicule d'être si enchantée de manger deux courgettes de mon potager, surtout que nous sommes entourés de gens qui ont des belles plantations avec des laitues énormes, des haricots, et des choux... Néanmoins, mon petit potager de 1,5² me procure beaucoup de plaisir et j'espère avoir le temps de l'agrandir l'année prochaine ! Peut-être que la personne qui reprendra la pépinière d'ici deux ans aura envie de l'agrandir encore plus... je l'espère !

vendredi 7 août 2015

Grès de La Haute Chapelle - Un Voyage Dans Le Temps

Les visiteurs du musée me demandent souvent si je travaille l'argile du coin. J'explique alors que les carrières d'antan ne sont plus exploitées et que je travaille avec des terres achetées chez un fournisseur et non pas avec l'argile que j'aurais cherchée moi même dans la nature. Les carrières près de Ger ne sont plus exploitées de façon commerciale depuis le début du 20e siècle et aujourd'hui elles se trouvent sur des propriétés privées et/ou protégées. Il est donc interdit d'y aller récupérer de l'argile soi-même.

Mais il y a un mois, grâce à G., nous avons eu l'opportunité d'aller à La Haute Chapelle, près de Domfront, visiter une ancienne carrière de grès qui, laissée à l'abandon, s'est remplie d'eau.

Un panneau explique l'écologie du lieu (zoomer pour lire)...


... et explique qu'auparavant le grès de La Haute Chapelle était transporté 
jusqu'à Ger pour la fabrication des pots.


Sans ces informations, un visiteur ne pourrait pas savoir qu'il s'agit d'une carrière.

Aujourd'hui, c'est une belle mare...


... qui accueille des espèces rares et des belles grenouilles.


Nous sommes partis à la carrière avec un groupe de scientifiques qui voulaient prendre des échantillons. Sur place, on a été accueilli par un naturaliste du Conservatoire d'espaces naturels de Basse-Normandie qui nous a montré la plante protégée sur laquelle il ne fallait pas marcher. 

Voici notre groupe dans ce lieu idyllique !


Pour obtenir des échantillons du grès, nous avons fait des carottages avec des tarières.

Voici la tête de cet outil :


On tourne la tarière pour l'enfoncer dans la terre comme une vis...


...et ensuite on retire l'outil...


...d'où on tire la carotte de terre.


Au bord de la mare, il y avait deux couches d'argile, une couche jaune et une couche grise. 

A Ger, l'argile grise, grésante, était utilisée pour des pots utilitaires. 


L'argile jaune était utilisée pour les tuiles ou d'autres choses qui n'avaient pas besoin d'être étanches.


L'argile nous semblait être de bonne qualité : facile à modeler entre les doigts et relativement homogène.
Nous avons ensuite pris un échantillon à quelque distance de la mare, mais là, l'argile était jaune et moins homogène. Nous avons fini par prendre un dernier échantillon au bord d'une autre mare.


Là encore nous avons trouvé de cette belle argile grise.


J’ai pu rentrer à l’atelier avec un seau de carottages. Ensuite, un mois a passé pendant lequel j’étais occupée avec la production, des visites, des élèves, et des marchés ; je n’ai pas trouvé le temps d'expérimenter avec l’argile locale (ni d'écrire sur le blog.) Mais la semaine dernière j’ai enfin pioché dans le seau.

Entre temps, les carottes ont changé de couleur, peut-être à cause de l'oxydation,
 car toute la couche extérieur était jaune-brun.


Mais à l'intérieur il y avait encore du gris.
(Et une plante a commencé à y pousser !)


J'ai malaxé environs 800g de cette argile. Il a fallut enlever quelques cailloux et un peu de matière végétale, mais finalement l'argile était à peu près propre et d'une très bonne consistance.


Ensuite, je me suis mise au tour avec environs 400 grammes, et j'ai pu en faire un mug.


Le tournage avec cette argile est très agréable ! Elle est un peu sableuse, ce qui me rappelle la terre Shigaraki que A.I. m'avait rapporté du Japon. Au tournassage j'ai rencontré un cailloux qui m'avait échappé lors du malaxage, mais ça m'a plutôt fait plaisir. Est-ce qu'il en reste d'autres que je n'ai pas senti ? Que se passe-t-il à la cuisson s'il reste un petit cailloux dans la paroi ? 

Et plus généralement, est-ce que le mug va bien supporter la cuisson ? On peut s'imaginer que oui, étant donné que des générations de potiers allaient chercher leur argile à cette carrière ! Je vous tiendrai au courant sur le blog ;)