dimanche 29 avril 2012

Je suis la chasseresse de lézards

Je vous ai promis un article sur le Pays basque, mais j'ai eu du mal à m'y mettre, car il y a le four à remplir, de la terre recyclée qui est prête à tourner, un poisson pot-à-fleurs en grès chamotté à peaufiner, et la déclaration d'impôts à faire. Je vous laisse deviner ce que je vais faire en dernier !

A la base, nous sommes partis voir une cuisson à bois, mais pendant le refroidissement du four nous sommes partis à l'aventure. En louant la voiture, on a dit non au GPS : avec notre vielle carte de la France datant d'il y a plus de 10 ans, nous étions prêts pour tout ! L'objectif était de voir la mer et de se balader dans les montagnes. En Pyrénées Atlantiques, les deux se rencontrent.

Une énorme plage sans fin donne sur le golfe de Gascogne.

En allant vers le Sud, on s'est subitement trouvé en Espagne. Nous nous sommes arrêtés dans un "parc naturel" qui avait l'air d'être un terrain vague trop proche de l’aéroport en face pour être vendu à un développeur immobilier. Cela dit, c'était au bord d'un estuaire, et on y a vu pas mal d'animaux.
Chevalier gambette
Cormorants, dont un décapité ?

Eider à duvet

Carcasse d'un bateau

Je suis la chasseresse de lézards ! 



 Ils sont trop cools, ces mini-dinosaures qui aiment les bains de soleil.

Il faisait beau. Dans un autre parc en Espagne (un vrai, celui-ci) on s'est baladé en longeant la côte. 


Il y avait des genêts partout, jaune éclatant. 






Et j'ai découvert pour la première fois 
les asphodèles, fleur blanche comme
 une explosion d'étoiles.


Nos prochaines balades étaient dans les montagnes. Il ne faisait plus beau (le mois de pluie avait commencé). Nous nous sommes réfugiés dans des cavernes, comme les hommes préhistoriques. Je n'ai pas d'images à partager car dans les grottes du coin (enfin, celles qu'on a visité) on n'a pas le droit de prendre des photos. Nous avons trouvé les grottes d'Isturitz et Oxocelhaya spectaculaires. Les deux grottes sont deux cavernes creusées par la même rivière. Apparemment une troisième caverne est située encore en dessous, et la rivière y coule encore. Dans la partie ouverte à la visite, on peut voir des animaux qui ont été taillés dans la roche par des hommes préhistoriques. On y trouve également des stalactites, des stalagmites, et des minéraux qui étincellent dans la lumière électrique.

En sortant de la grotte, nous avons décidé d'aller visiter une fromagerie. C'était une bonne décision ! La fromagerie d'Agour était très intéressante. Nous avons découvert tous les stades de la production de fromage...


... et nous sommes partis avec un fromage de chèvre (St. Sauveur) et deux fromages de brebis (un Ossau-Iraty et un autre dont on a oublié le nom).


La voiture sentais la brebis, mais on s'en foutait. C'était tellement bon.


Agour a deux fromageries. Nous avons visité la petite qui est perchée sur le flanc de la montagne. En partant de la fromagerie, on a demandé si on avait le temps d'arriver dans un village avant la tombée de la nuit. Et c'est comme ça qu'on a atterri dans Larrau. Mais seulement après avoir passé le col.



Larrau est un petit village caché dans les montagnes, d'où on a fait une belle randonnée - ou, comme dirait A, "on s'est tapés 18 bornes sous la pluie".

Non, mais au début, il ne pleuvait pas. On a longé cette crevasse:


J'admets avoir un peu retouché ces deux photos pour qu'on voit la crevasse. Super difficile à prendre en photo, et vraiment génial dans la réalité ! Il y avait un bruit de fond - c'était l'eau qui coulait. Dans chaque courbe de la crevasse, dans chaque fissure noire, l'eau ruisselait.


Il y avait tellement d'eau qu'on a trouvé des têtards dans un flaque au milieu du chemin !


C'est à ce moment là (à mi-chemin, je dirais) qu'il a commencé à pleuvoir. Le bruit de l'eau est devenu plus fort. On a tranquillement marché sous la pluie.


A la fin de notre randonnée nous étions tellement trempés qu'on a décidé de rester une deuxième nuit à Larrau.

Le jour d'après, nous sommes retournés à Morlanne pour le défournement. Ensuite nous sommes rentrés, en passant par la côte Atlantique, où j'ai insisté que nous visitions la dune de Pyla. Après tout, qui peu résister aux sables mouvants ?


On a dit au revoir à la mer, on a pris le train à Bordeaux, et nous sommes rentrés à Paris. Le métro nous a semblé onirique et la ville étrange.

mardi 17 avril 2012

Le feu de la Salamandre

J'aime les poteries issues des cuissons à bois. Aah, mais c'est difficile d'en faire à Paris... je ne pense pas que mes voisins seraient ravis d'avoir un four artisanal dans la cour ! Mais dès qu'on sera installés à la campagne, le chat se fera des folies dans le jardin, et moi j'y ferai du feu.

Avec A., nous avons participé à une cuisson à bois pour la première fois la semaine dernière. C'était à la Salamandre...


...l'atelier de Bertrand T. à Morlanne. En passant, je vous signale que la Salamandre est à vendre - si vous êtes à la recherche de l'atelier parfait là où se trouve le "A" sur la carte, laissez un commentaire sur le blog pour que je vous mette en contact avec Bertrand.

Morlanne, pas très loin de Pau, de la mer, et des montagnes

Il y a des photos dans cet article grâce à A., qui a eu la présence d'esprit d'en faire. De mon coté, j'étais un peu obnubilée par le lieu, les pots, le feu... Thanks for being camera-man.

Ma première impression de la Salamandre : des poteries par tout !
Se fondant avec le jardin...
...visages, êtres, pots... 

...marqués par les coquillages, par les mains, par l'esprit. Marqués par le feu.

Parlons-en du feu ! Le four de Bertrand est énorme. Il est composé de deux chambres et une cheminée. Cette fois la cuisson était restreinte à la "petite" chambre de 600 litres. (Pour référence, mon four électrique en fait 60.)

Grande chambre - au fond les ouvertures vers
la petite chambre sont bloquées par des briques.
Des ouvertures au fond de la grande chambre permettent le passage de la chaleur et des cendres pendant une grande cuisson ainsi que le réglage du feu pendant une petite cuisson.

Petite chambre
Dans la petite chambre, les pièces sont empilées à droite, tandis ce que le feu est alimenté coté gauche. La petite fenêtre à l'arrière permet d'observer l'état de la cuisson. On surveille la température du four grâce aux montres : cônes pyrométriques qui fondent à une température donnée. Quand la dernière est fondue, c'est que le four a atteint les 1320°. Ça chauffe !

Plusieurs montres fondues.
On distingue encore la forme de la dernière, la blanche.
Pour pouvoir atteindre cette température, le feu a été alimenté en continu de vendredi à dimanche. Lorsque le four est à haute température, on y rajoute du sel (en forme de pâte de bicarbonate de soude) pour le glaçage des pièces. Il y a alors une réaction chimique et des flammes vertes sortent de la cheminée !

Nous n'étions pas les seuls à admirer le feu. Un group de "pyrophiles" fidèles offrent leur soutien à chaque cuisson. Très ouverts, ils ont partagé leurs connaissances et leur amour du feu avec nous - merci à eux ! 
Le feu a faim - 5 stères !
Ensuite, le four refroidit pendant plusieurs jours. Pendant ce temps, nous sommes allés à la mer et à la montagne (peut-être sujet d'un prochain article sur le blog).

Le vendredi, de retour à Morlanne, tout le monde s'était de nouveau rassemblé pour l'ouverture du four.

Déconstruction de la porte - on y entrevoit les pièces

Pots!
Bertrand a fait un bateau à voiles, qu'on voit ci-dessus. Le bateau traverse une mer de verre fondu. Le verre avait coulé dans le sillage du bateau. Trop beau.

Ci-dessous, on voit un mangeoire d'oiseau, derrière lequel se cache un épis de faîtage. Sur l'avant-plan on aperçoit  des pièces faites par les élèves de Bertrand.

More pots!
Chaque pièce est une découverte ! Certaines étaient émaillées, d'autres pas. Certaines étaient déjà cuites une fois auparavant. Les surfaces étaient différentes selon ces facteurs, ainsi que le placement dans le four et les effets du sel. C'était merveilleux de voir les résultats de la cuisson, et c'était génial aussi de voir la réaction des participants, curieux des résultats, étonnés et satisfaits de leurs œuvres.

Quelle jolie expérience, cette cuisson !

Bertrand, merci encore. Le fait d'avoir participé à la cuisson m'a beaucoup inspirée !


dimanche 1 avril 2012

Céramiques du Festival 2012

La première fois que je suis allée au Festival de Céramique Paris 11e, je n'ai aimé qu'un tiers des présentations. Cette fois j'ai presque tout aimé. Je me demande si c'est le Festival qui a changé où si c'est moi. Un peu des deux, sans doute. Avant, j'aimais, ou je n'aimais pas. Maintenant j'apprécie certaines choses simplement par ce que, techniquement, elles sont bien faites. En même temps, je crois que le Festival lui même s'est rapproché de mes goûts. Merci aux Terramicales :)

Les autres années, je n'ai pas été convaincue par les œuvres non-fonctionnelles, mais cette fois, je les ai beaucoup aimées.

Boris Cappe : des grosses œuvres avec un message, il me semble, écologiste. Les superbes nuances sont réalisées, il me disait, grâce aux cuissons dans un anagama.

Y'a un petit cactus au milieu !

"L'après guerre"

Virginie Preux : les pièces de Virginie Preux sont cuites à l'anagama aussi, mais avec des résultats très différents. J'ai adoré ses pièces qui me paraissaient presque vivantes. Le soir, quand tout le monde est parti, ses pièces se baladent dans la salle sur leurs petits pieds, naviguant entre les autres céramiques figées.

Ce sont des pieds non ?


J'en veux un...

....dans mon jardin

Bien sûr, il y avait des poteries fonctionnelles.

Moi, quand je pense à la poterie fonctionnelle, j'imagine des choses très épurées. Quand je bois mon café, je veux le boire dans un mug qui est simple mais beau. Je veux placer mes jonquilles dans un vase sobre, élégant, simple. J'aime les bols qui mettent en valeur l'éclat de mes tomates.

Dans les expositions à Paris, je trouve qu'il y a très peu de poteries qui vont dans ce sens. La simplicité semble être appréciée quand elle est japonaise (au festival il y avait un petit stand avec des œuvres japonaises que j'ai beaucoup aimé), mais dans la céramique française, on trouve d'autres tendances :

La Majolique : à vrai dire, je ne sais pas si toutes ces poteries sont des majoliques, comme je ne suis pas super familiarisée avec cette technique. Mais je vois que certains potiers se sont spécialisés dans des services de table avec des émaux éclatants et brillants qui me rappellent les majoliques. Genre, le service que Madame Untel achète pour montrer à ses copines à son retour de vacances. L'exécution des poteries est sans faille... mais elles ne sont pas toujours à mon goût.

Je-le-veux-dans-ma-cuisine-mais-si-je-le-casse-je-serai-trop-verte ou Fonctionnel artistique :
Texturisé
Marcel Créac'h : le jour où j'aurai une cuisine énorme (càd, quand je n'habiterai plus à Paris) je serai ravie d'avoir un des ses gros plats. L'exécution est parfaite et la décoration ne les rend pas inutilisables. Je sortirai le plat pour la fête du solstice !

Noir et blanc
Au festival, Alexandra Tollet a été la représentante de cette tendance. Mais il faut dire que ma céramiste préférée dans ce genre est Simone Perrotte, dont les pièces sont simplement trop cools.

Email recherché
Prennez un bol de François et Cathrine Debien Salmon et vous partirez au fond de la mer ! Au festival, aujourd'hui (dimanche), il y aura un tirage au sort. Tous les artistes ont contribué une pièce et le gagnant recevra une pièce au choix.  J'ai acheté un ticket pour le tirage - les sous vont aux potiers touchés par le tsunami au Japon - et j'ai choisi le grand bol de François et Cathrine Debien Salmon. On sait jamais, et je serais ravie de gagner !

Glou glou, des poissons à go go

Et comme toujours, les pièces d'Alain Fichot impressionnent. Allez voir les photos sur son site, car la mienne ne donne qu'une vague impression de leur finesse. Le cadre idéal pour ses pièces serait une villa des années 1920. Dommage que notre appart était à l'origine un café Parisien des années 50...



Voilà, pour résumer, beaucoup de belles choses et beaucoup d'inspiration.
Ça me remet un peu à ma place, me fait réfléchir à tout ce qu'il y a à apprendre et à découvrir dans la céramique.
C'est une aventure sans fin !