vendredi 30 août 2019

Un été plein de couleurs

Ah, il y a tellement de choses à faire en été !



Surtout, il faut trouver le temps d'aller nager. J'ai pas mal nagé en juillet, mais il me reste encore plein de plages et de criques à découvrir ! J'aime nager le soir, quand la mer est chaude et la lumière met les falaises en valeur. Après une journée dans l'atelier, c'est tellement agréable !

Coté atelier, il y avait tellement de choses à faire : remplir la boutique, discuter avec les clients, accueillir les amateurs de poterie, tester les émaux, participer au concours de la bouteille de Ger...

Mais ce que j'ai le plus envie de partager avec vous, c'est mes aventures autour de l'émaillage.

Stage tenmoku et cuisson des boîtes
En août je suis retournée en stage avec Christine Brückner, cette fois au sujet des tenmokus. Ça m'a donné envie d'essayer d'avoir un émail goutte d'huile et de continuer à expérimenter avec des émaux clairs posés sur des émaux ferreux. On fini avec tellement de tuiles de test jolies que c'est dur de choisir quels émaux utiliser dans l'atelier.


Au stage, P. avait apporté une boîte à recuire, et entre la boîte et son couvercle il y avait des petites boules en kaolin/alumine/farine dont avait parlé Xiaolin. Selon P., ça marchait super bien pour la cuisson des boîtes ; c'est toujours délicat, car on évite des déformations en laissant le couvercle sur la boîte, mais le couvercle risque de coller sur sa boite. Du coup j'ai essayé la technique des boules farineuses lors de ma dernière cuisson et ça marche du tonnerre.


Par le passé, je mettais un peu d'engobe kaolin/alumine sur les bords du couvercle de la boîte, mais ça demande toujours d'être poncé après cuisson tandis qu'avec ces petites boules, le couvercle se détache plus facilement et il n'y a rien à poncer ! Je crois qu'on peut réutiliser la matière en ajoutant à nouveau de la farine et de l'eau - je testerai. Merci P. de m'avoir rappelé cette technique !

A la recherche du mat-satiné, à la recherche de couleurs 

J'ai passé une journée à l'atelier à tester des recettes d'émaux avec L. (Atelier de la Luciole), elle dans la recherche d'émaux qui se marient bien aux engobes, moi à la recherche de couleurs. Cet hiver j'ai trouvé une base satinée presque matte qui me convient. Du coup, j'ai testé une dizaine de colorants sur cette base. Dans le lot il y en a au moins 5 qui me plaisent assez bien et qui sont plus ou moins mats selon les oxydes ajoutés et/ou selon la température de cuisson. J'ai commencé à en mettre sur la carapace des petites tortues et à la dernière cuisson j'ai commencé à appliquer le bleu-vert (couleur cuivre oxydé) sur des pièces plus grandes.


J'y vais progressivement parce que parfois les problèmes ne se révèlent que sur les plus grandes pièces. Par le passé, par exemple, j'ai crié victoire avant de voir que l'émail avait tendance à faire des trous d'épingle ou de s'écailler à la cuisson. Ici l'émail est pas mal sur la plus grande tasse (grès rouge de bourgogne) et sur le porte-savon (grès blanc), mais il y avait des trous d'épingle sur la petite tasse (grès de St. Amand). Je me demande si ce n'est pas l'application de l'émail qui a créé le problème. Résultat, j'ai encore des essais à faire !

Et non seulement sur ma petite série d'émaux satinés ! J'ai encore des recherches à faire sur le bleu brillant. Déjà il y a trois ans j'étais à la recherche d'un bleu composé d'une couche de rouge de fer suivi d'une couche d'un émail au titane. La superposition me donne un bleu superbe, mais j'ai trop souvent des trous d'épingle ou même des cloques à la cuisson. J'ai essayé plusieurs choses pour régler le problème (attendre plus longtemps entre l'application de chaque couche pour que ça s'imprègne mieux, faire un palier plus long à la fin de la cuisson pour mieux napper, ralentir la monté en température au début afin d'être sûre d'avoir dégazé les pièces...) mais rien n'a marché.
Il y a quelques temps, C. m'a conseillé de changer le feldspath dans ma recette pour traiter le problème. Et plus récemment, A. m'a conseillé d'utiliser la même quantité de titane, mais de changer la recette de base de la surcouche. Ça m'a enfin motivée à faire des échantillons.

J'ai fait les essais suivants avec à chaque fois une base brillante + 5% de dioxyde de titane :

1. J'ai utilisé ma recette originale, mais j'ai remplacé le feldspath potassique par de la néphéline syénite. => Sur le rouge de fer, ca me donne du brun avec des cloques.
Raté...
2. J'ai suivi une recette composée principalement de feldspath sodique => sur le rouge de fer, ca donne une couche blanche, comme si il tombait beaucoup de neige.
Toujours pas bleu...
3. J'ai suivi la recette de Montmolin pour une couverte brillante basé sur du feldspath potassique => la surcouche transforme mon rouge de fer en bleu-nuit.
Du bleu, mais pas le bon bleu...
4. J'ai utilisé la base 1234 de Leach
Hourrah, le bon bleu!!!


Aîe, j'ai encore crié victoire quand il reste à savoir si ce bleu marche bien sur des saladiers ! Mais ça reste un succès pour moi parce que ça doit être la première fois que j'ai poursuivi aussi méthodiquement une couleur spécifique. Je remercie C. et A. de m'avoir mise sur le bon chemin !



mardi 25 juin 2019

Terre, Air, Eau, Feu

Cette année mes élèves ont travaillé sur le thème des quatres éléments. Nous nous sommes ensuite réunis autour d'un goûter pour admirer nos oeuvres.


Je suis vraiment ravie des résultats de ce projet. Quasiment tous mes élèves réguliers, enfants et adultes, ont joué le jeu, ce qui n'est pas évident quand on a un thème à respecter. Tout le monde a bien réfléchi et leurs idées étaient très diverses. Et en conséquence, chacun a pu faire appel à des techniques, des formes, et des coloris différents.

D. me disait qu'il trouve qu'un tel projet permet de sortir de sa zone de confort, de s'essayer à des techniques qu'on n'aurait pas utilisé autrement. C'est exactement le sentiment que j'ai eu à Ger quand j'ai du choisir un projet pour l'Expo poisson d'avril. Je voulais lancer un thème à l'atelier cette année pour permettre à tout le monde de faire l'expérience d'une contrainte qui, étrangement, augmente la créativité... et c'est une bonne opportunité de se réunir autour de gâteaux à la fin de la saison des cours !

Le projet m'a motivé à faire un peu de modelage, avec une sculpture par élément représentant la potière dans tous ses états : au tour, au four, se débarrassant de l'odeur de la fumée, et sur son tapis volant. Bon, pour l'instant j'ai une Opel, mais on peut toujours rêver....


Je me suis amusée à utiliser tous les grès de l'atelier : Grès rouge de Bourgogne, Grès de Treigny, Grès de Saint Amand, et Grès Blanc. Comme je n'avais pas énormément de temps à consacrer au projet, j'ai sculpté plus vite que jamais auparavant et j'étais ravie de voir que tout avait bien tenu à la cuisson, malgré un séchage rapide et des épaisseurs un peu variables.

Et maintenant nous voilà partis pour un nouveau projet, car mes élèves sont intéressés par le concours Embouteillage proposé par le Musée de la Poterie à Ger. Ils sont nombreux à avoir déjà développé une idée et on va se rejoindre en été pour travailler le projet. J'ai à nouveau hâte de voir la matérialisation de leurs imaginations !

mardi 28 mai 2019

Minigamas avec Xiaolin


Je suis récemment revenue d'une expérience extraordinaire : un stage avec Xiaolin, céramiste chinois spécialisé dans la création de minigama, organisé par l'association Terres d'Echange.

"Gama" veut dire "four" en japonais, et ainsi un "minigama" est un mini-four. Au début du stage, Xiaolin nous a montré des exemples de four (cf. à gauche) et il a expliqué leur fabrication. Ensuite il nous a guidé dans la création de nos fours.

L'intérieur du four doit, évidement, respecter certains critères afin de réaliser des cuissons haute température, mais on est libre de sculpter l'extérieur comme on veut. Nous étions nombreux à adopter l'idée d'un animal qui crache le feu.

Ici on voit le plan du four. En soulevant le couvercle visible sur la droite, on charge le four avec le combustible. Une grille l'empêche de tomber jusqu'au sol du four et pendant la cuisson les cendres tombent en dessous. En bas à droite, un trou permet le passage d'air et l'évacuation des cendres.



L'air monte par la grille et la flamme passe par des trous vers la gauche pour entrer dans la ou les chambres où sont enfournées les pièces, pour ensuite sortir par la cheminée. Avec plusieurs chambres, on obtient différents effets de cuisson : plus les pièces sont rapprochées du combustible, plus elles recevront des cendres fendues (un émail naturel).

En regardant les fours de Xiaolin avant le stage, j'ai vu que la posture des animaux étaient souvent similaires à celle du sphinx. En regardant des images du sphinx égyptien, perse, ou phénicien, il m'est venu à l'esprit que ça serait sympa de faire hommage à Khnoum, l'éponyme de mon atelier. Khnoum est souvent représenté debout : un homme avec une tête de bélier. Mais on trouve également des statues du dieu en forme de bélier, et j'y ai trouvé mon inspiration.




C'était un challenge de modeler une forme aussi grande en 4 jours. J'ai essayé de privilégier la fonctionnalité du four. Le résultat c'est que je crois avoir assez bien fait les joints entre mes colombins et je pense que le plan du four (pour le chargement, passage de la flamme, etc.) a été respecté. Mais la tête de mon bélier est un peu disproportionnée par rapport à son corps et je n'ai pas vraiment fait de décors à part sur les cornes. Si la tête est trop grande, c'est parce que je veux y charger un maximum de pièces !!


Xiaolin était vraiment génial. Il nous a clairement expliqué chaque étape, et il apparaissait toujours pile au moment où l'on avait besoin de lui.

Je n'ai malheureusement pas de photo de nos superbes repas de midi. A chaque fois qu'on participe à ces stages de Terres d'Échange, on mange ensemble à la bonne franquette, dehors au soleil si possible. Pendant ces stages et pendant le repas, Terres d'Echange est toujours fidèle à son nom, d'autant plus cette fois, avec Xiaolin qui passait sa première semaine en France et rencontrait une multitude de fromages et de terrines !

J'ai adoré ce stage.   


jeudi 2 mai 2019

J'ai eu du bol

Je fais mes cuissons la nuit pour profiter des heures creuses. Quand je me lève, j'ai l'habitude d'aller voir la température du four, sachant qu'il reste un jour de refroidissement. 

Lors de ma dernière cuisson émail, au matin, j'ai trouvé le four penché et il était encore à 900°. Deux roulettes du socle du four ont lâché et le four se serait peut-être couché sans le mur à côté duquel il était placé.



J'ai eu un coup d'angoisse, mais le four s'est refroidi sans problème. Premier ouf.

Je craignais toutefois que le four soit très abimé dans le cas où les pièces se seraient collées aux parois ou aux résistances du four.

A l'ouverture, les plaques d'enfournement avaient glissé mais je n'ai eu que deux pièces qui se sont collées aux briques du four. Une troisième pièce était abimée par une des quilles d'enfournement penchées. 


Ni les résistances ni la sonde ne semblaient être touchés. Quelques briques étaient abîmées, mais c'est tout. Deuxième ouf.


Aucune pièce d'élève n'a été abîmée. Troisième ouf.

Avec A (qui arrive à soulever le four !) nous avons enlevé les roues. Le four est maintenant posé directement sur les pieds du socle. Je l'ai remis en route pour une cuisson biscuit le jour d'après. Pas de problème. Et ce matin j'ai ouvert le four après une cuisson émail : tout s'est bien passé.

Je me dis que c'était un exercice de tournage : il me fallait rester centrée en attendant le refroidissement plutôt que de perdre la tête. Soit le four était abimé soit il ne l'était pas et je ne pouvais qu'attendre pour savoir.

Je suis soulagée de ne pas avoir un four hors-service avec les frais et délais associés !

Résultat final : suite à un peu de meulage, l'assiette qui s'est collée à la paroi du four a rejoint la famille de nos poteries dépareillées dans la cuisine.


mardi 23 avril 2019

Qu'adviendra-t-il du bordeau et du blanc ?

Depuis notre arrivée dans les Côtes d'Armor, j'ai du mal à écrire sur le blog. J'avais une phase Instagram pendant laquelle je partagais des photos, mais depuis septembre j'ai du mal à partager quoi que ce soit sur internet. Avec le printemps, je me dis qu'il est temps de reprendre le blog, mais avec des billets plus courts afin de donner un aperçu de la vie à l'atelier.

Cette semaine à l'atelier...

... Deux élèves ont testé l'African Stone de Solargil. Cette terre est rouge, presque bordeau quand elle est crue mais devient noire à la cuisson.  Mes élèves ont tourné de jolies boîtes.


Leur enthousiasme pour la couleur et la texture (finement chamottée) de l'African Stone m'a donné envie de finir le pain de terre. Il en a résulté une série de tasses et bols...


...quelques vases...


...et des tuiles test.


Je vais poser différents émaux sur ces tuiles afin de voir si le rendu diffère de ce que l'on obtient lorsque les mêmes couleurs sont posées sur un grès blanc ou beige. Normalement les couleurs devraient être beaucoup plus foncées voir dominées par la terre noire. Certaines tuiles ont une couche d'engobe blanc afin de tester la pose d'émaux clairs.

L'objectif final est d'émailler l'intérieur de ma série de bols en vert clair, tout en laissant la jolie African stone apparente à l'extérieur. J'ai déjà hâte de lancer les cuissons !